ALGER - Le comité ministériel de la Ligue arabe, en charge de la crise syrienne, s'est prononcé dimanche pour la poursuite et le renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, en dépit des réserves de certains milieux quant à son efficacité. Le comité a décidé de "donner aux observateurs le temps nécessaire pour poursuivre leur mission conformément au protocole", après avoir examiné le premier rapport du chef des observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. Le protocole arabe accepté par le pouvoir syrien prévoit, outre la mission d'observation, l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le comité, à l'issue de la réunion de dimanche au Caire, a "appelé le gouvernement syrien et tous les groupes armés à stopper immédiatement tous les actes de violence. La Ligue a réclamé à Damas et "à toutes les parties un arrêt immédiat de toute forme de violence", et demande au général Dabi un "rapport complet" pour le 19 janvier sur les efforts de Damas pour tenir ses engagements. Après l'examen du premier rapport des observateurs, le comité a également décidé de renforcer en logistique et en effectifs la mission, forte actuellement de 163 personnes sur le terrain. La Ligue arabe souhaite aussi la poursuite de la coordination avec l'ONU pour le renforcement des "capacités techniques" de ses observateurs. Lors de cette réunion consacrée à l'examen du rapport préliminaire du chef de la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, l'Algérie a affirmé son attachement à l'initiative arabe en tant que cadre "unique" de règlement de la crise syrienne. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a salué "le travail accompli par la mission des observateurs arabes, en dépit des conditions difficiles", soulignant "la nécessité d'une forte volonté politique des parties syrienne, arabe et internationale pour la mise en œuvre de l'initiative arabe afin d'aboutir à une solution répondant aux aspirations de toutes les composantes du peuple syrien, notamment à travers un dialogue national inclusif". Le Premier ministre du Qatar, Cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, qui présidait la rencontre de dimanche a espéré voir "le gouvernement syrien prendre des mesures décisives pour arrêter l'effusion de sang". Le responsable qatari a ajouté que la Ligue comptait augmenter le nombre des observateurs sur le terrain à quelque 300 membres. Cependant, l'opposition syrienne a accusé les observateurs d'être "manipulés" par le régime du président Bachar al-Assad et la Ligue de s'être montrée incapable de faire cesser les violences. Le président du Conseil national syrien (CNS) Borhan Ghalioun a été reçu dimanche à Istanbul par le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, ou le développement de la situation en Syrie et les réunions des membres du CNS syrien en Tunisie, en Belgique et en Portugal, ont été à l'ordre du jour. Les premiers observateurs arabes ont entamé leur mission le 26 décembre à Damas, tandis que la dernière délégation en date est arrivée samedi, en provenance de la Jordanie, pour surveiller l'application du plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences. La Syrie est en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation réprimé dans le sang, qui selon une estimation de l'ONU a fait plus de 5.000 morts. Dans la nuit de samedi à dimanche, de violents affrontements ont opposé des soldats et des déserteurs dans le village de Basr al-Harir, dans la province de Deraa (sud), faisant 11 morts dans les rangs de l'armée régulière, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Par ailleurs, au moins dix civils ont été tués dimanche par les tirs des forces du régime, dont sept dans la province de Homs, haut lieu de la contestation, toujours selon l'OSDH. Dans le même temps, une flotte russe composée de navires de guerre, de sous-marins, d'avions de combats, d'hélicoptères et plusieurs systèmes de missiles anti-aériens, a accosté dans la base navale de Tartous en Syrie, a annoncé l'agence syrienne Sana.