ALGER - L'Algérie pourrait faire l'exception face à la montée des partis de la mouvance islamiste dans certains pays arabes, a estimé mardi le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia. Interrogé sur la montée des partis de la mouvance islamiste dans certains pays arabes, notamment la région du Maghreb, le ministre a répondu sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne, que la comparaison avec les autres pays "n'est pas aussi probante". "L'Algérie a ses spécificités et ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à ce qui existe ailleurs où les votes ont sanctionné des politiques plutôt que des valeurs", a-t-il expliqué, considérant que l'Algérie "pourrait alors faire l'exception". "Personne ne peut se mettre à la place du peuple pour dire vers quelle direction va se porter son choix", a affirmé M. Ould Kablia à propos d'une éventuelle alliance entre partis de cette mouvance à l'occasion des prochaines législatives. "Alliance entre partis islamistes ou non, l'électeur algérien connaît bien son monde", a-t-il soutenu. Concernant le gel de l'agrément de nouveaux partis durant les douze dernières années, le ministre de l'Intérieur l'a attribué à "la situation instable qu'a connue le pays sous l'emprise de l'état d'urgence". "Mais cette période est aujourd'hui largement dépassée et la nouvelle loi (sur les partis) est destinée à ouvrir le champ à toutes les libertés dans le strict respect de l'Etat de droit", a-t-il assuré. Réagissant aux récentes déclarations de certains membres fondateurs du parti dissous (l'ex-FIS), M. Ould Kablia a tenu à rappeler que ce parti a été dissout par voie judiciaire pour "les raisons que l'ont connaît". Pour ce qui est de l'interdiction de toute activité politique des ex-dirigeants de ce parti, le ministre a fait observer que "ce n'est pas l'actuelle loi (sur les partis) qui a tranché, mais plutôt l'ordonnance de 2006 portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui avait interdit l'activité politique aux commanditaires du mouvement séditieux violent contre les institutions et attributs de l'Etat, de même pour ceux qui se sont rendus coupables de crimes collectifs". Le ministre a expliqué, à ce propos, que "mis à part les membres du parti dissous cités dans l'ordonnance de 2006, il y a des militants de ce parti qui n'ont rien perdu de leurs droits civils et politiques. Ces derniers peuvent mener une activité politique à condition de ne pas créer un parti", a-t-il tranché. C'est la raison pour laquelle, "la liste des membres fondateurs de partis sera examinée au cas par cas", a-t-il poursuivi. "Lorsque les enquêtes réglementaires donnent des avis défavorables, nous demanderons aux partis concernés d'exclure ces membres de la liste des membres fondateurs, tout en ayant éventuellement l'autorisation de militer dans ces partis", a encore précisé M. Ould Kablia. Interrogé sur la reconfiguration de la scène politique nationale à la faveur de l'agrément de nouveaux partis, le ministre a indiqué que "la chance est accordée à tous et ce sera le peuple qui fera le tri en choisissant ceux qui répondent le plus à ses attentes". "Les partis qui n'obtiendront pas un pourcentage déterminé de voix, ne seront pas admis à figurer au niveau des assemblées élues", a-t-il averti. Commentant le retrait du MSP de l'Alliance présidentielle, M. Ould Kablia pense qu'il s'agit d'une position "tout à fait tactique" pour ce parti "qui veut se préparer tactiquement à la bataille électorale avec un esprit de compétition pour se libérer de toute forme de tutelle et aller aux élections avec un programme probablement différent, susceptible de lui apporter le plus de voix possibles". "Ceux qui suivent la politique dans notre pays savent que les partis islamistes existant ont des idées tout à fait différentes qui ne sont pas forcément des ambitions doctrinales mais des ambitions de personnes", a-t-il ajouté.