TIPASA - La célébration de Yennayer, le nouvel an berbère chez les familles chenouis de la wilaya de Tipasa est un rituel auquel on se consacre les 11, 12 et 13 janvier de chaque année avec, à la carte, un menu spécial et une soirée où les personnages des contes et légendes fantastiques règnent en maîtres. Les festivités officielles sont organisées, cette année, au sein de la nouvelle cité urbaine de Tipasa qui sera inaugurée officiellement par le wali, M. Mostefa Layadhi, en présence de nombreux invités et représentants de la famille de la culture de la wilaya. Le passage à la nouvelle année est, pour les "Ychenouiyenes", une fête ancestrale très importante que l'on prépare une semaine à l'avance en particulier dans les zones rurales où les femmes procèdent au chaulage des maisons et à l'achat de nouveaux ustensiles de cuisine en terre cuite pour préparer les délicieux mets. En ville, les commerçants pour qui la fête est une occasion pour faire bonne recette, se mettent aussi de la partie en exposant le meilleur de leurs fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes et autres cacahuètes) sans oublier les confiseries diverses et les paniers de fruits. L'autre rite entretenu par les habitants du Chenoua et des autres localités berbérophones de la wilaya, est celui de la cueillette des plantes odorantes et désinfectantes que l'on veillera à déposer à l'entrée des demeures afin de fructifier et nettoyer les lieux en se préparant à sortir des longues nuits hivernales où toutes les provisions ont été consommées. La tradition veut que ce rituel, en plus de parfumer et décorer les patios, soit destiné surtout à éloigner les mauvais esprits, le mauvais œil ou autres ondes négatives, selon les croyances locales. Yennayer est également une fête familiale par excellence où la place de l'enfant est prépondérante en ce sens que celui-ci est au centre de la cérémonie au cours de laquelle il reçoit un petit panier, confectionné en osier, plein de victuailles et de sucreries et autres fruits secs pour aborder symboliquement le nouvel an de manière spéciale en étant surtout rassasié. La grand-mère ou la mère, selon les traditions locales, veillera à ce que tout le monde, membres de la famille et autres convives du voisinage, sortent du repas de la soirée rassasiés et repus pour aborder le nouvel an en pleine forme et certains ustensiles de cuisine resteront pleins de nourriture pour alimenter les esprits positifs des lieux et ce, jusqu'au petit matin. Selon Rabiaa Nedjar, une native du Chenoua, qui veille à perpétuer les traditions culinaires locales, le rituel du c£ur de palmier, parfait symbole de Yennayer dans le Chenoua, que les parents, accompagnés des enfants, vont chercher dans la nature, est aussi consacré durant cette fête. Les plus chanceux, selon elle, seront ceux qui découvriront une forme de cœur à l'intérieur de ce fruit très prisé dans la région. Le sacrifice du coq (Asfel) qui agrémente le plat de "berkoukès", accompagné de boulettes (tikerbabine) confectionnées à base de céréales et de diverses plantes et épices, de crêpes et de galettes spéciales, est une tradition qui se perd peu à peu laissant la place à l'achat d'un poulet pour faire dans la simplicité et la modernité. Le rituel du sacrifice a, lui aussi, une symbolique mystique puisqu'il vise l'expulsion des forces et des esprits maléfiques comme on le fait sur les fondations d'une nouvelle bâtisse, étant entendu que le nouvel an est considéré comme un nouveau départ.