ALGER - Les 10 pays des deux rives de la Méditerranée sont appelés à travailler ensemble pour améliorer la sécurité alimentaire de près de 300 millions d'habitants, ont recommandé lundi à Alger les différents intervenants au séminaire des 5+5 sur la sécurité alimentaire. "Nous sommes là en face d'une problématique complexe qui ne relève nullement d'un seul pays, mais qui suscite une approche collective et une coopération fondée sur la solidarité", a indiqué le représentant du ministère algérien des Affaires étrangères, Ali Mokrani à l'ouverture de ce séminaire. Pour relever le défi de la sécurité alimentaire, une problématique qui prenne de plus en plus d'ampleur au niveau international, les 5+5 sont "appelés à travailler ensemble", a-t-il dit. Cela nécessite, selon M. Mokrani, "une coopération économique sectorielle au niveau de l'agriculture, en matière de recherche scientifique, des changements climatiques et de la régulation du marché". Les pays maghrébins veulent fructifier cette coopération avec leurs principaux partenaires du Nord. "Nous voulons que le volet agricole se diversifie pour permettre aux pays du Sud d'avoir une alimentation qui répond aux rations de l'ONU et une sécurité alimentaire permettant aux populations rurales de se fixer sur leurs zones et travaillent leurs terres", a dit le même responsable. Pour l'Algérie, souligne M. Mokrani, le cadre du Dialogue 5+5 "est important car il constitue un noyau dur de l'Union pour la Méditerranée". Pour sa part, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a mis en exergue les atouts et les avantages comparatifs que recèle la région euro-méditerranéenne et qu'il faudrait "apprécier à leur juste valeur". Il a estimé, dans ce cadre, que "toutes les formes de partenariat entre les opérateurs, les institutions ou les organisations de nos différents pays seront les bienvenues, leurs contributions étant de permettre de rattraper les retards que connaissent certaines zones et d'asseoir un développement économique et rural durable". Pour le représentant de l'Union du Maghreb arabe (UMA), Mohammed Ismaïl, la coopération avec les pays de la rive Nord "demeure essentielle pour réactiver le partenariat au profit des deux parties". Pour ce spécialiste de la sécurité alimentaire, l'UMA dispose de deux importants programmes auxquels les pays de la rive Nord peuvent contribuer. Il s'agit du plan d'amélioration de la sécurité alimentaire et la modernisation de l'agriculture maghrébine à l'horizon 2030 et le Programme d'action de lutte contre la désertification. Selon cet expert, le premier défi des pays de la rive sud est de trouver des solutions pour produire sur une zone réduite et des techniques qui seront mises à leur disposition afin d'augmenter la productivité des terres et maintenir les populations sur leurs zones. Pour réaliser cet objectif, les pays de la rive sud ont besoin d'une "technologie appropriée" pour produire plus et satisfaire les besoins croissant des populations. "Les pays du sud de la Méditerranée sont confrontés à une production alimentaire qui a été insuffisante ces dernières décennies pour satisfaire une demande démultipliée par la croissance démographique", a constaté le chef de la délégation de l'UE en Algérie, Laura Baeza. Le nombre d'habitants de cette région, qui représente 7% de la population mondiale, sont à l'origine de 22% des importations mondiales, selon l'ambassadrice de l'UE à Alger. Elle a indiqué, par ailleurs, que la Commission européenne avait consacré 925 millions d'euros à la sécurité alimentaire durant la période 2007-2010, un montant qui n'inclut pas le financement de l'aide humanitaire. En citant l'Algérie, Mme Baeza a affirmé que l'Union européenne soutient depuis 2007 le ministère de l'Agriculture et du Développement rural à travers un programme de 11 millions d'euros destinés "à la revalorisation des territoires ruraux afin de stabiliser les populations rurales, en atténuant les flux migratoires, en améliorant leurs conditions de vie et en préservant les ressources naturelles". Les travaux du séminaire des 5+5 sur la sécurité alimentaire se poursuivent jusqu'à mardi et devraient se clôturer avec des recommandations "opérationnelles" pouvant être adoptées par les 10 pays concernés (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, Espagne, France, Italie, Malte et Portugal).