ADRAR - Les participants à des journées d'information sur les explosions nucléaires françaises à Reggane ont appelé, dimanche à Adrar, à établir un cadastre identifiant avec précision les sites encore infestés par la radioactivité dans la région. Lors d'une rencontre abritée par l'université d'Adrar, coïncidant avec le 52ème anniversaire de ces douloureux évènements, les chercheurs, universitaires et représentants de la société civile, ont plaidé pour "un large cadastre" des zones encore polluées par la radioactivité et "ne pas se contenter seulement d'une clôture qui s'avère inefficace pour protéger la région des risques de contamination que véhiculeraient l'air et les vents". Pour Kadhem Aboudi, enseignant à l'Université d'Oran, l'Université cherche, à travers cette rencontre d'information, à se saisir d'un dossier "des plus complexes, convaincue de la gravité des séquelles de ces explosions sur l'homme et sur son environnement". Une gravité qui, a-t-il dit, "nécessite d'identifier scientifiquement et en toute précision les sites ionisés, et de conjuguer les efforts pour une prise en charge efficiente des impacts de ce crime colonial". "+La gerboise bleue+ est une explosion militaire à large échelle à travers laquelle la France coloniale cherchait à terroriser le monde qui en a été réellement secoué", a ajouté l'intervenant. Yahia Ounes de l'Université D'Adrar s'est penché, de son côté, sur des aspects juridiques en rapport avec la question de l'indemnisation des victimes de ces explosions nucléaires coloniales. Il a affirmé, dans ce contexte, que la France a exclu certaines maladies dans l'opération d'indemnisation imposant "des critères impossibles devant permettre de prouver, selon ce pays, les dommages occasionnés par ces explosions". Pour cet intervenant, la législation algérienne stipule la prise en charge de cette question à travers la loi 20-04 qui permet une classification des risques environnementaux et des zones renfermant des risques de radioactivité, avant de mettre en évidence les efforts de l'Etat dans la prise en charge des victimes de ces explosions qui n'ont pas les moyens matériels de faire face aux charges des soins. Abondant dans ce sens, le wali d'Adrar a souligné ''le grand intérêt porté à ce dossier par l'Etat, à différents niveaux, qui assume la prise en charge des malades, aux plans social et médical". Le chef de l'exécutif a cité, à titre d'exemples, le projet de création d'un centre anticancéreux dans la wilaya d'Adrar, les conventions signées avec différentes institutions de santé pour la prise en charge des victimes de ces explosions, et la délimitation des sites affectés par ces explosions avec une classification des zones selon les degrés de dangers. Sid Amer El-Hamel, président de l'association ''13 février'' (coorganisatrice avec l'Université d'Adrar et l'APC de Reggane de l'évènement), a mis l'accent sur la gravité de ce qui a été ''l'un des plus abjects crimes dont s'est rendue coupable la France coloniale, au détriment de populations innocentes de la région de Reggane, ne se donnant même pas la peine de couvrir, selon les normes scientifiques, les séquelles de ses essais nucléaires, dont les dégâts se font encore ressentir à nos jours''. Le président de l'Assemblée populaire communale de Reggane, a plaidé, de son côté, pour "davantage d'efforts pour la prise en charge des séquelles de ces explosions, toujours présentes, notamment en ce qui concerne les cas de cancer". Il a invité, à ce titre, les chercheurs à ''l'élaboration d'études devant aboutir à des vérités scientifiques irréfutables qui condamneraient la France coloniales pour ses crimes contre l'Humanité''. Cette journée d'information a été marquée aussi par la projection d'un film documentaire sur les sites des explosions nucléaires à Reggane, et par la présentation de témoignages vivants sur la question de soldats français ayant vécu ce douloureux évènement de l'Histoire du pays. La projection a été suivie d'un débat autour des moyens d'apporter une solution définitive à cette catastrophe environnementale. Ces journées d'information sur les explosions nucléaires perpétrées par la France coloniale à Reggane se poursuivront par une visite lundi dans la commune de Reggane (150 km au sud d'Adrar), ou sont prévues une cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes de ces explosions, et une autre rencontre scientifique, animée par des chercheurs et universitaires, sur ce tragique évènement.