Les autorités coloniales françaises n'ont laissé aucun registre sanitaire ou document relatif aux essais nucléaires effectués dans la région de Reggane engendrant, ainsi, une méconnaissance totale des retombées de ces essais sur la santé des populations locales, a déploré vendredi à Adrar le président de l'association du 23 février 1960, M. Hamel Omar. M. Hamel a indiqué à l'APS que son association úuvre à collecter des informations sur les essais nucléaires menés à Reggane, cependant, a-t-il dit, la France "n'a pas laissé de registres sanitaires, ni de registres d'état civil, ou des documents relatifs aux essais nucléaires susceptibles d'aider les victimes". Le président de l'association du 23 février s'exprimait en marge des travaux d'une journée scientifique dédiée aux maladies cancéreuses et leur relation avec la radioactivité, organisée dans le cadre de la caravane de solidarité avec les victimes des essais nucléaires français. "Les autorités françaises ont préféré laisser les déchets nucléaires et des engins contaminés sur place qu'elles ont ensevelis dans des endroits qui demeurent inconnus", a-t-il encore déploré. Il a affirmé, dans ce cadre, que le nombre de cancéreux recensés dans la localité de Reggane avoisine les 250 cas, faisant remarquer, toutefois, que ce chiffre n'est pas exhaustif, du fait du "manque" de spécialistes pour le dépistage et l'absence de contact avec les patients de la localité qui se soignent à Alger et ailleurs. "Nous avons constaté une augmentation des cas de cancer dans la localité de Reggane", a-t-il ajouté, regrettant "l'absence de moyens permettant d'établir le lien entre la radioactivité due aux essais nucléaires français et le nombre important de malades du cancer". Il a relevé, en outre, que le nombre de nouveaux nés souffrant de pathologies congénitales "ne cesse d'augmenter". M. Hamel, qui s'est réjouit de la convention signée avec l'association El Amel d'Alger, pour la prise en charge des malades de Reggane au niveau du CPMC (centre Pierre et Marie Curie) de Mustapha Pacha, a exprimé la disponibilité des autorités locales pour la prise en charge des spécialistes désireux de faire des séances de dépistage périodique dans la région. Le directeur des ressources humaines de l'hôpital d'Adrar, M. Tahar Saïdi, a soulevé, de son côté, le problème du coût "élevé" du transport d'un malade d'Adrar vers Alger. Il a précisé, à ce sujet, que le transport d'un patient sur une civière ou ce qui est appelé CMO, revient à 90.000 dinars au niveau d'Air Algérie, alors que le billet d'avion est à 20.000 dinars. La France coloniale avait procédé à trois explosions nucléaires atmosphériques dans la localité de Reggane, à 150 km au sud d'Adrar (1.600 km au sud-ouest d'Alger), dont la première, qui avait eu lieu le 13 février 1960, équivalait à 3 fois l'explosion de la bombe d'Hiroshima au Japon à la fin de la deuxième guerre mondiale.