Photo : S. Zoheïr Par Amel Bouakba Il y a 52 ans, la France coloniale commettait les pires crimes contre l'humanité, en procédant (février 1960) à des essais nucléaires à Reggane, dans la wilaya d'Adrar. Les conséquences furent désastreuses sur la santé des habitants de la région. Combien de morts, de cancers, de maladies et de malformations dus aux irradiations nucléaires s'en est suivi ? Les faits accablent la France qui, pourtant, refuse toujours de reconnaître ce génocide. L'Algérie commémore le 52e anniversaire des essais nucléaires français à Reggane. La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), en collaboration avec l'association El Amel d'aide aux malades atteints de cancer, organisent, du 16 au 22 février, une caravane de sensibilisation sur le cancer dans la wilaya d'Adrar. Il s'agit de la deuxième édition. C'est ce qu'ont annoncé les initiateurs de la caravane, dont Ayachi Dadoua, membre de la Cncppdh, et Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El Amel, lors d'une conférence tenue hier au siège de la Cncppdh, en présence notamment de maître Fatima Ben Braham, chargée de la défense des victimes algériennes des essais nucléaires français. Les essais nucléaires français de Reggane, c'est le «Tchernobyl algérien» que la France occulte sciemment, parce que les victimes sont Algériennes, ont tonné les conférenciers. «Mais nous sommes bien décidés à demander des comptes à la France et à la mettre devant ses responsabilités, pour une reconnaissance des crimes commis et une indemnisation des victimes», a assuré Maître Ben Braham. Un programme riche et varié pour cette deuxième édition : des journées d'information et des ateliers sur les essais nucléaires et les cancers causés par la radioactivité, dont les effets sont toujours aussi dévastateurs, animés notamment par différents spécialistes du Cpmc et du CHU Mustapha-Pacha, des universitaires et des juristes. Une caravane de sensibilisation est aussi prévue ainsi que des consultations au profit des victimes des essais nucléaires, qui bénéficieront également de prise en charge médicale prodiguée par des médecins du Cpmc. De son côté, Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El Amel, a indiqué que cette initiative s'inscrit dans le cadre des activités de l'association qu'elle mène régulièrement pour lutter contre le cancer, une maladie qui fait des ravages notamment dans les régions enclavées, du fait du diagnostic qui se fai, dans la majorité des cas tardivement. L'association El Amel initie, depuis 2009, un grand nombre de consultations et de dépistages du cancer dans une trentaine de wilayas. Elle s'est dotée d'un mammobile, le premier du genre en Algérie (une clinique mobile de dépistage du cancer du sein), qui sera bientôt opérationnel. «Nous allons organiser des opérations dans les régions enclavées, notamment à Reggane et dans la wilaya d'Adrar.» Le mammobile dispose de tous les équipements nécessaires (mammographie, scanner, biopsie…). C'est une véritable clinique mobile qui sillonnera toute la région de Reggane et les régions isolées.La wilaya d'Adrar a, par ailleurs, bénéficié d'un Centre spécialisé dans les maladies cancéreuses (les travaux de réalisation ont été entamés le 26 décembre dernier), a-t-on souligné. Il est utile de noter que le ministère de l'Education nationale a accepté de répondre favorablement à l'une des recommandations de la 1re caravane, celle de consacrer une leçon dédiée aux essais nucléaires français à Reggane et à leurs conséquences sur les populations algériennes. Ce cours est programmé aujourd'hui dans toutes les écoles du pays. Pour que nul n'oublie, cette douloureuse page de l'Histoire est revisitée le temps de cette caravane de la solidarité et de l'espoir prévue dès ce jeudi à Reggane.