WASHINGTON - Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a plaidé mercredi devant le Congrès pour une approche diplomatique et politique afin de résoudre la crise syrienne dont la solution, selon lui, ne sera ni simple ni rapide. Dans son audition devant la commission des Forces armées du Sénat consacrée à la question syrienne, le chef du Pentagone a fait valoir que dans le contexte des bouleversements politiques qui ont secoué plusieurs pays arabes, "il ne peut y avoir une approche à l'emporte-pièce pour une région aussi complexe et instable que celle du Moyen-Orient" dont chaque pays a ses spécificités. Rappelant les actions prises pour accroître l'isolement diplomatique et politique du gouvernement de Bachar Al Assad, M. Panetta a considéré que cette approche "a réussi à mettre une pression sans précédent" sur le chef de l'Etat syrien. Néanmoins, a-t-il affirmé, il n'y a pas de "solution simple ou rapide" à la crise syrienne. Dans ce sens, il a soutenu que la meilleure façon de résoudre cette crise est d'assurer ''une transition pacifique, politique et démocratique dirigée par le peuple syrien conformément aux propositions suggérées par la Ligue arabe". Pour l'ex-patron de la CIA, "il y a encore une chance d'atteindre cet objectif". Alors que le sénateur républicain John McCain, membre des plus influents du Sénat siégeant à sa commission des Forces armées, s'était prononcé récemment en faveur de frappes aériennes contre les forces syriennes, le ministre de la Défense lui a répliqué indirectement que bien que le gouvernement de Barack Obama "n'exclut pas une évolution future de l'action, il se concentre, pour l'instant, sur des approches diplomatique et politique plutôt que d'une intervention militaire". Sur la base de l'approche qu'elle avait adoptée en Libye, a-t-il poursuivi, l'Administration américaine pense qu'il est important, pour le cas de la Syrie, de "bâtir un consensus international et multilatéral pour toute action prise, maintenir un soutien clair du monde arabe, assurer une contribution américaine substantielle à l'effort international, en particulier lorsque les Etats-Unis disposent de ressources uniques qui peuvent être utilisées, avoir une base légale claire pour toute action et garder toutes les options sur la table". Mais faisant le parallèle avec la Libye, M. Panetta a avoué qu'il n'y a "pas de solution simple" pour la situation en Syrie et a expliqué que les raisons justifiant une approche différente de celle de la Libye sont "claires". En effet, a-t-il argumenté, s'il y avait eu un large soutien au sein du Conseil de sécurité et de la Ligue arabe pour une intervention militaire en Libye, "un tel consensus n'existe pas actuellement" pour la Syrie. L'autre raison évoquée par le secrétaire à la Défense est le manque de clarté dans la composante des groupes rebelles syriens armés et l'absence d'un représentant militaire "unique et fédérateur de l'opposition qui peut être reconnu ou contacté". Il a également relevé qu'en dépit de la lutte menée par les groupes rebelles et les défections militaires et désertions, "le régime syrien continue de maintenir une armée forte". Faisant écho à la déclaration faite la veille par le président Barack Obama lors d'une conférence de presse, le patron du Pentagone a également considéré que mener une action militaire unilatérale serait "une erreur". Néanmoins, a-t-il avancé, "d'une façon ou d'une autre, le régime syrien connaîtra sa fin". Et d'ajouter : les Etats-Unis "continueront à évaluer la situation et ajusteront leur approche au besoin". Auditionné également lors de cette séance consacrée à la Syrie, le chef d'Etat-major des armées des Etats-Unis, M. Martin Dempsey, a fait savoir que jusqu'à maintenant, le rôle de l'armée américaine a été limité à l'échange d'informations avec ses partenaires dans la région. Cet ancien commandant général de la force multinationale de sécurité en Irak a cependant relevé que "toute option potentielle doit être jugée à l'aune de plusieurs critères". Selon lui, il s'agit de savoir notamment si l'action militaire contribuera à produire le résultat escompté et si la mission pourrait être accomplie en terme de temps et des ressources disponibles. Soulignant que la responsabilité exige également d'"articuler les risques" et que toutes les options viennent également avec des "conséquences inattendues", le plus haut gradé de l'armée américaine a affirmé que "la lucidité est nécessaire quant aux implications potentielles des responsabilités mondiales" des Etats-Unis.