Experts en économie et responsables d'organismes étatiques ont mis en avant, lundi à Alger, la contribution des différents dispositifs de création d'activité économique dans le traitement du secteur informel en Algérie, soulignant que ces mécanismes permettent le passage vers l'économie formelle. S'exprimant lors des travaux du colloque international sur l'économie informelle en Algérie, le directeur de la Communication à la direction générale des Impôts (DGI), M. Brahim Benali a exposé le dispositif et les structures mises en place ces dernières années à l'effet d'absorber et de lutter contre le secteur informel. Il s'agit, a-t-il expliqué, d'une batterie d'incitations et d'allègements fiscaux, allant des exonérations de différentes taxes aux abattements fiscaux pouvant atteindre les 70% et destinés aux investisseurs et autres petits commerçants, ce qui permet aussi, dit-il, d'ancrer "le civisme fiscal" chez l'opérateur économique. "Nous avons un dispositif juridique et fiscal très important dans le cadre des efforts visant l'absorption du secteur informel", a souligné le même responsable, précisant que ces allègements fiscaux sont destinés aux entreprises créées dans le cadre des différents dispositifs d'investissement et de création d'activités économiques. Ces assouplissements, a poursuivi M. Benali, bénéficient notamment aux investisseurs relevant des secteurs de l'agriculture, de l'industrie et de l'agroalimentaire et dont les entreprises sont créés en particulier dans le cadre de l'Agence national de développement de l'investissement (Andi), de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej). Abondant dans le même sens, le directeur de la Promotion de l'emploi au ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, Bentaha Mohand Ouali, a présenté les différents mécanismes de création d'emploi et d'activité économique par les jeunes notamment ceux gérés par l'Ansej et l'Angem, affirmant qu'ils peuvent même endiguer l'économie informelle. "L'informel peut être réduit sinon jugulé par ces dispositifs mais aussi par un travail profond des collectivités locales de création d'activités économiques par les jeunes entrepreneurs", a indiqué M. Bentaha, qui a mis en exergue les efforts des pouvoirs publics pour absorber les intervenants dans la sphère économique et commerciale parallèle à travers l'encouragement de la formation professionnelle. Le directeur des études au ministère du Commerce, Noureddine Zait, a souligné pour sa part que l'apparition de l'économie informelle en Algérie remonte à l'époque de l'économie administrée marquée, a-t-il dit, par des perturbations cycliques dans l'approvisionnement du marché, mais aussi par la spéculation. De son côté, le chercheur au Centre de recherche économique appliquée au développement (CREAD), Nacer-eddine Hammouda a indiqué que le phénomène de l'informel est dû à "un dysfonctionnement économique" en Algérie où le secteur formel ne créé pas assez d'emplois pour ses demandeurs. "Le poids faible de l'économie non marchande, le marché non concurrentiel, monopolistique, ainsi que le système des prix non adapté au réalité du marché, constituent les éléments de la propagation de l'informel", a-t-il dit, estimant que "l'exclusion sociale" est la source principale de l'apparition de ce phénomène. Selon lui, 7 Algériens sur 10 arrivent au marché du travail sans diplôme ni qualification et les besoins du marché sont au-dessous du niveau d'instruction des demandeurs d'emploi notamment les jeunes. Le conférencier a constaté que le secteur des Bâtiment et travaux publics (BTP) connaît le taux le plus élevé de l'informel alors que ce secteur est le principal bénéficiaire des fonds des programmes quinquennaux. Il recommande, à cet effet, de renforcer la coordination intersectorielle et la relation entre les différentes institutions étatiques, notamment le Centre national du registre du commerce (CNRC), et les caisses d'assurances sociales. Pour lui, une évolution de l'efficience des exonérations fiscales est par ailleurs, "plus que nécessaire". Lors des travaux de ce colloque, l'expérience tunisienne dans le traitement et d'absorption de l'économie informelle a été aussi évoquée. Ainsi, Essma Benhmida, présidente de l'Enda, une ONG tunisienne spécialisée dans la micro-finance, a estimé qu'"il ne faut pas combattre l'informel car grâce à lui des milliers de familles vivent. Il faut l'accompagner et l'aider à se formaliser", soulignant, par ailleurs, l'importance de l'entrepreneuriat social et solidaire dans la création et le financement des activités créatrices d'emploi.