L'économie informelle englobe 72% des emplois en Afrique subsaharienne, selon le Bureau international du travail (BIT). Pourtant, ce secteur est caractérisé par de graves difficultés de protection sociale, de mauvaises conditions de travail et de précarité de l'emploi. la cause profonde de l'expansion de l'économie informelle, et les stratégies pour formaliser progressivement le secteur informel en Afrique ont constitué les centres d'intérêt d'un colloque international de quatre jours, organisé la semaine écoulée à Dakar, la capitale sénégalaise. L'objectif était de mettre en place des stratégies et programmes pour appuyer le secteur informel en Afrique, faciliter la transition vers l'économie formelle, et faire des acteurs de ce secteur des supports à la croissance et au développement économique et social. Selon les conclusions de la rencontre, l'économie informelle en Afrique a besoin d'aide, mais il faut, indiquent-elles, passer par une identification des activités et connaître le nombre de personnes qui y évoluent. Les experts africains du secteur ont reconnu, au cours du colloque, que l'incapacité des économies à créer le nombre d'emplois nécessaires pour absorber la main-d'œuvre, constitue l'une des causes de l'expansion de l'économie non-formelle. En plus des analphabètes, des gens instruits en attente d'emploi et des licenciés d'entreprises trouvent refuge dans le secteur informel, ajoutent les experts. Ils entendent relever le défi en formalisant l'informel en Afrique. Les participants sont venus des pays suivants : Bénin, Afrique du Sud, Namibie, Ethiopie, Ouganda, Cameroun, Angola, Egypte, Algérie, Tanzanie, Zimbabwe, Niger, Tchad, Tunisie et Sénégal. Le colloque selon les organisateurs est un processus qui doit construire progressivement le passage de l'économie informelle à l'économie formelle dans l'esprit et la pratique, avec une volonté politique. Les employeurs et les travailleurs auront donc des responsabilités importantes dans la réussite de la mise en œuvre de politiques et stratégies permettant à l'économie informelle d'atteindre ses objectifs, notamment la création d'emplois, la lutte contre la pauvreté et l'extension de la couverture sociale pour tous. Une étude de septembre 2008 de la Banque mondiale révèle que 97% des créations d'emplois proviennent de l'économie informelle dans les pays sous-développés. Malgré sa contribution importante, le secteur informel constitue, selon l'étude, l'un des domaines les plus illustratifs et les plus symptomatiques du déphasage qui existe entre le cadre juridique et la réalité sociale. Assane Diop, de la division du travail, secteur de la protection sociale du BIT, soutient cependant que l'économie informelle ne régresse pas nécessairement avec la croissance et le développement. " Nombre de pays connaissant une non-formalisation croisante en dépit de bons résultats économiques ", explique-t-il, à une agence de presse. Selon Diop, la division du travail très déséquilibrée entre les stratégies de croissance économique supposée produire les richesses, les emplois et les services sociaux de base, ne semble pas avoir tenu compte du phénomène de l'économie informelle. " Les programmes d'ajustement structurel souvent imposés aux pays en développement sont venus aggraver la fracture nationale, tandis que la mondialisaiton sape les efforts de développement de ces pays, en créant une autre fracture du fait de l'isolement et de la marginalisation de l'économie informelle dans la planification économie ", déclare-t-il à la même source. Il affirme que le secteur informel est une chance à saisir pour établir un autre modèle de développement et il s'avère important d'avoir la maîtrise des données de l'économie informelle au plan national, connaître les déficits en terme de conditions de travail, de santé et sécurité au travail, de sécurité sociale, et identifier les besoins les plus pressants dans ce domaine. Le président de la Confédération panafricaine des employeurs (CPE), Hamidou Diop, estime que la révision des dispositions juridiques et réglementaires dans le secteur informel, est la condition indispensable vers la formalisation. " Si ces mesures efficaces pouvaient être prises pour formaliser l'activité économique informelle, l'élargissement de l'assiette fiscale permettrait d'accroître la base des ressources intérieures pour le développement de l'Afrique, explique-t-il.