Le 6éme forum mondial de l'eau s'achève vendredi sur des engagements fermes de la communauté mondiale pour que l'accès à l'eau soit vraiment un droit, alors que les mouvements altermondialistes, qui ont applaudi certaines décisions, estiment que des efforts supplémentaires doivent être encore investis. Parlementaires, officiels, autorités locales et régionales, dont celles de l'Algérie, ont discuté durant six jours pour donner un sens concret au thème de ce forum : "Le Temps des Solutions". La déclaration ministérielle du Forum souligne notamment que ''l'eau est un facteur clé pour la paix et la stabilité", dans le monde, affirmant l'engagement des participants au Forum "à accélérer la mise en oeuvre des obligations en matière de droits de l'homme pour l'accès à l'eau potable et à l'assainissement par tous les moyens appropriés, au titre de nos efforts pour surmonter la crise de l'eau à tous les niveaux". Les ministres se sont déclarés "déterminés à assurer l'accès de tous à l'eau potable et l'assainissement aux niveaux requis de disponibilité, de coûts, de qualité et d'acceptabilité en mettant l'accent sur les plus vulnérables et en prenant en compte la non discrimination et l'égalité homme-femme". La même déclaration souligne également que "nous devons intensifier nos efforts pour prévenir et réduire la pollution de l'eau en vue d'accélérer l'accès à l'assainissement durable et améliorer la qualité des ressources en en eau et des écosystèmes", avant de préciser que "nous sommes déterminés à assurer le suivi de la résolution sur l'eau potable (à) et la santé adoptée par l'assemblée mondiale de la santé pour lutter contre les maladies liées à l'eau". Pour autant, les défis, ainsi que les enjeux de la bataille de l'eau ne sont pas les mêmes, ont notamment fait remarquer au cours de leurs interventions durant les conférences, les représentants d'Afrique ou des pays arabes. Pour les pays africains, il s'agit tout simplement "d'aller vite aux solutions et de concrétiser les engagements pris au cours de ce Forum", notamment la mise en place des financements promis par les pays donateurs. La Banque africaine de développement (BAD) a elle également réactivé la facilité financière africaine pour l'eau, avec un objectif de collecte, à travers un vaste tour de table, de 400 millions de dollars à court terme. Objectif : financer 34 projets hydrauliques dans 23 pays africains. Le cas du fleuve Niger, atteint par des prédations diverses dont une pollution rampante, a été discuté et des solutions prises par plusieurs pays donateurs et des ONG. L'autre grand chapitre de ce Forum est la situation alarmante de la disponibilité de l'eau dans les dix prochaines années dans le monde arabe, nonobstant le conflit politique en Palestine entre l'autorité Palestinienne et l'occupant sioniste, qui empêche l'eau du Jourdain d'arroser les territoires occupés. Certes, le projet de réalisation d'une station de dessalement à Ghaza, où l'eau est saumâtre du fait de la pollution de la nappe phréatique et la remontée des eaux salées, a été bien accueilli par la communauté internationale qui a décidé de financer ce projet d'une valeur de 350 millions de dollars. Pour autant, les problèmes d'eau dans les pays arabes demeurent entiers : le monde arabe représente 5% de la population mondiale, mais ne dispose que de 1% de l'eau douce. ''Actuellement, 18 des 22 Etats arabes souffrent de pénurie d'eau, et ils seront en 2050 en état de détresse hydrique'', prévoit le Dr. Abid Thyab Ajeeli (Irak). Les mêmes inquiétantes prévisions sont par ailleurs mises sur la table au Forum mondial de Marseille en ce qui concerne autant la région méditerranéenne, appelée à connaître des bouleversements climatiques, que les pays d'Afrique du Nord, selon des rapports d'experts présentés au Forum. En Amérique Latine et en Asie, il s'agit principalement de la problématique de l'assainissement et l'accès à une eau potable, dénuée de toutes maladies, qui a mobilisé l'attention des panels et des experts de ces deux continents. L'expérience du Brésil dans l'assainissement des eaux et la protection de la pollution ainsi que du ''tout à l'égout'' déversé sur les fleuves et les cours d'eau, et notamment les affluents de l'Amazone, a été présentée au Forum et citée comme exemple à suivre pour les pays latino-américains, même si le représentant de la Bolivie a soutenu le point de vue d'une eau ''publique et accessible au moindre prix''. En face, les altermondialistes ne sont pas restés les bras croisés. Installés dans les Docks du Sud, près du port de Marseille, ils ont en fait appelé les Etats participant au Forum à démocratiser l'accès à l'eau, à établir des agendas politiques concrets pour que le droit à l'eau soit vraiment respecté, autant par les collectivités locales que les privés, qui produisent les 50% de l'eau dans le monde et la distribuent. Le FMJE (Forum mondial de la jeunesse pour l'eau) a quant à lui revendiqué des engagements simples : donner l'eau à tous, sans exclusive. "Nous continuerons à être les sentinelles de l'eau'', a indiqué leur porte parole. Pour autant, les ONG et la société civile ont lancé un appel solennel pour l'interdiction de la fracturation hydraulique, un procédé technique nouveau qui permet d'aller chercher l'eau emprisonnée dans la roche, ou localisée à l'intérieur de roches sédimentaires, mais en utilisant une technique, exploitée dans le domaine pétrolier, fortement déconseillée par les experts car elle est fortement polluante et utilise beaucoup d'eau. ''Aujourd'hui, le problème est d'avoir de l'eau potable pour tous, comment seront les choses si pour avoir cette eau on va polluer les nappes aquifères ?'', s'interroge un membre de l'ONG ''Food and Water Watch''. Le prochain sommet mondial de l'eau est prévu à Daegu, en Corée du Sud, en mars 2015.