La militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haidar, effectue une visite à Washington et New York du 26 mars au 9 avril pour plaider la cause du Sahara occidental et dénoncer les violations des droits de l'homme des Sahraouis par le Maroc. Durant son séjour à Washington, Mme Haidar rencontrera des membres du Congrès américain au niveau de la Chambre des représentants (chambre basse) et du Sénat et aura également des entretiens avec des responsables du département d'Etat, a-t-elle fait savoir lors d'une conférence de presse tenue mercredi à Washington au Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme. A New York, la militante sahraouie rencontrera des membres du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les droits de l'homme, avant de se rendre dans le Massachusetts où elle donnera une conférence à l'université de Boston sur la question sahraouie. A travers ces rencontres, a expliqué Mme Haidar, qui a animé mardi une conférence à l'université George Washington de la capitale fédérale américaine, il s'agit de porter à la connaissance de l'opinion publique, aux parlementaires et au gouvernement américains "les violations flagrantes des droits de l'homme perpétrées par les forces marocaines contre le peuple sahraoui". Il s'agit aussi, a-t-elle poursuivi, de demander l'introduction du mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO). "Si le peuple sahraoui, attaché à ses droits inaliénables dont le droit à l'autodétermination, continue à observer une résistance pacifique sans recours à la violence, la poursuite en toute impunité de la violation des droits de l'homme par la partie marocaine peut, toutefois, déboucher sur la violence de la part des Sahraouis", a-t-elle prévenu. Auquel cas, "la communauté internationale en portera la responsabilité à cause de son silence et même de sa complicité", a-t-elle encore soutenu. Par ailleurs, Mme Haidar n'a pas manqué de constater que depuis 2011 et dans le sillage des événements sanglants de Gdeim Izik, les Etats-Unis manifestent davantage d'attention à la question des droits de l'homme. Les Sahraouis avaient érigé en novembre 2010 un camp à Gdeim Izik près d'El Ayoun, capitale occupé du Sahara occidental, pour revendiquer pacifiquement leurs droits, dont celui à l'autodétermination. Le démantèlement violent du camp par les forces d'occupation marocaines avaient fait plusieurs morts et blessés. Dans ce sens, les services de l'ambassade américaine à Rabat multiplient les rencontres avec les associations sahraouies des droits de l'homme et des victimes de la violence et effectuent plus souvent des visites dans les territoires sahraouis occupés, a-t-elle relevé. A ce propos, le Congrès américain avait adopté en décembre dernier une loi qui exige du département d'Etat de s'assurer du respect des droits de l'homme au Sahara occidental préalablement à l'octroi de toute aide financière militaire au Maroc. Avalisée à la fois par la Chambre des représentants et le Sénat, ce texte stipule qu'avant toute affectation de cette aide financière militaire, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, doit soumettre un rapport aux Comités d'affectation des crédits financiers de chacune des deux chambres du Congrès, "sur les mesures prises par le gouvernement marocain en matière de respect des droits des personnes d'exprimer pacifiquement leurs opinions concernant le statut et l'avenir du Sahara occidental et d'élaborer un rapport sur les violations des droits de l'homme des Sahraouis". Le Congrès conditionne également cette aide par "le droit d'accès, sans entrave, au Sahara occidental, aux organisations des droits de l'homme, aux journalistes et aux représentants des gouvernements étrangers". Evoquant les exactions et les intimidations dont elle-même est victime, Mme Haidar a révélé que les autorités marocaines ont tenté de saborder son voyage actuel aux Etats-Unis en abîmant délibérément son visa américain apposé sur son passeport. En conséquence, l'ambassade des Etats-Unis à Madrid a dû lui établir un visa d'urgence le jour même de son départ prévu pour Washington. En novembre 2009, en provenance de New York après avoir reçu le Prix Courage de la Fondation américaine John Train, Mme Haidar avait été arrêtée par la police marocaine à l'aéroport d'El Ayoun et avait été expulsée vers l'île de Lanzarote (Espagne) où elle avait menée une grève de la faim de 32 jours à l'aéroport de cette ville pour exiger du Maroc qu'il la laisse regagner le Sahara occidental. Les autorités marocaines avaient fini par céder à sa demande sous la pression internationale. Pour rendre hommage à sa lutte en faveur de la cause du peuple du Sahara occidental, Mme Haidar avait également reçu en 2006 le Prix basque Juan Maria Bandrès, pour la défense du droit d'asile et la solidarité avec les réfugiés, puis en 2007 le prix Silver Rose décerné par l'alliance internationale Solimar (qui rassemble des ONG solidaires du peuple sahraoui) pour son action en faveur de la liberté et la dignité humaine. En 2008, elle avait été distinguée par le Prix Robert F. Kennedy (prix des droits de l'homme fondé par le sénateur américain et frère du président John Kennedy), tandis qu'en 2011, elle avait été lauréate du prix René Cassin, et a aussi été attributaire de la citoyenneté honoraire de la ville toscane de Montespertoli (Italie).