La Directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a estimé mardi que la reprise économique mondiale demeurait ‘‘fragile'' et a appelé les Etats-Unis à donner leur ‘‘feu vert'' pour l'augmentation des ressources financières de cette institution financière internationale. ‘‘Nous ne devons pas nous bercer d'illusions dans un faux sentiment de sécurité'', a-t-elle affirmé dans une allocution prononcée à une assemblée générale de l'agence de presse américaine AP dans le cadre de la Convention annuelle de la société américaine des éditeurs de presse. En effet, a-t-elle expliqué, ‘‘le système financier en Europe est encore à rude épreuve, la dette publique et privée est encore trop élevée, le taux de chômage reste obstinément important alors que les prix du pétrole connaissent une flambée''. Dans ce sens, elle a appelé les décideurs politiques de ‘‘ne pas tomber dans la complaisance ou l'insularité''. Dans sa quête pour renflouer les caisses du FMI à un moment où les pays de la zone euro sont à la recherche de gros financements, Mme Lagarde a saisi l'occasion de cette rencontre avec la presse américaine pour appeler encore une fois les Etats-Unis à donner leur aval pour augmenter les ressources de l'institution de Bretton Woods. Plus gros actionnaire du FMI lequel estime qu'il aurait besoin de 600 milliards de dollars de ressources financières supplémentaires pour pouvoir accorder des prêts, les Etats-Unis affichent des réticences à renforcer les capacités financières de cette institution financière internationale. Dans plusieurs de ses déclarations, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a constamment affirmé que le FMI ne pouvait s'ériger en rempart de la zone euro contre la crise de la dette même s'il pouvait jouer un rôle complémentaire pour contrecarrer la tourmente financière des pays européens, considérant que l'Europe a les moyens de régler ses problèmes. Tentant de sensibiliser la première puissance économique mondiale sur cette question alors que la prochaine réunion de printemps du FMI est prévue dans moins de 3 semaines, Mme Lagarde a soutenu que l'économie mondiale avait besoin du ‘‘leadership économique'' des Etats-Unis. ‘‘En travaillant en étroite collaboration avec les pays partenaires, les Etats-Unis peuvent aider à conduire le monde vers un avenir meilleur'', selon elle. Arguant de l'interdépendance des économies entre elles, la patronne du FMI a relevé que les banques étrangères détiennent environ 5.000 milliards de dollars d'actifs américains, tandis que les banques américaines disposent de 2.000 milliards de dollars d'actifs étrangers. ‘‘Ce sont de grands chiffres, montrant que les crises bancaires peuvent être facilement transmises à travers les frontières'', a-t-elle poursuivi tout en précisant également que les Etats-Unis sont aussi fortement intégrés dans le commerce mondial où ils représentent 11% du commerce international notamment avec l'Europe. Dans sa ‘‘plaidoirie'' pour infléchir la position américaine, Mme Lagarde soutint que ‘‘si l'économie européenne vacille, la reprise de la croissance économique et de l'emploi aux Etats-Unis seraient en danger''. Rappelant la décision récente de la zone euro d'augmenter la capacité d'intervention de ses fonds d'urgence financiers à quelque 800 milliards d'euros, elle a jugé que le FMI devrait également augmenter la capacité de son pare-feu. Selon elle, le ratio des quotes-parts du FMI par rapport au PIB mondial est nettement plus faible aujourd'hui que par le passé, ajoutant qu'il y a soixante ans, il était 3 à 4 fois plus élevé qu'aujourd'hui. Il est à rappeler que lors de sa réunion à Mexico en février dernier, le G20 avait estimé indispensable que le pare-feu de l'Europe contre la crise de la dette publique en zone euro soit en place avant d'envisager toute augmentation des ressources du FMI.