La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Mme Christine Lagarde, a prévenu jeudi 17 décembre 2011 qu'aucun pays n'était à l'abri de l'impact de la crise financière, appelant à une mobilisation internationale et à sa tête l'Union européenne d'où est parti le marasme financier. Cet appel de la chef du FMI ne correspond pas totalement à l'approche des Etats-Unis dont le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, avait indiqué la veille à des sénateurs républicains que la Fed n'apporterait pas d'aide financière aux pays européens et aux institutions financières en difficulté, selon des membres du Sénat. Ben Bernanke a avancé qu'il n'avait ni l'intention ni l'autorité d'impliquer le contribuable américain, précisant toutefois, que le premier patron de la Banque centrale américaine s'était dit «très inquiet» si les pays européens ne réussissaient pas à résoudre leurs difficultés, car cela pourrait affecter les Etats-Unis. Mais pour Mme Lagarde, qui s'exprimait lors d'une conférence au département d'Etat américain consacrée aux femmes et la politique publique, «ce n'est pas une crise qui sera réglée grâce aux initiatives d'un seul groupe de pays. Elle sera, espérons-le, résolue grâce à l'intervention de tous les pays, de toutes les régions et de toutes les catégories de pays». Selon sa vision, il n'y a pas d'économie dans le monde, qu'il s'agisse des pays à faibles revenus, des marchés émergents, des pays à revenus intermédiaires ou des grandes économies avancées au regard de l'escalade. Dans ce sens Mme Lagarde a plaidé pour une responsabilité financière collective comme soutien, et une solidarité budgétaire, car le risque est partout d'un point de vue économique, si la crise dans la zone euro persiste. Sans quoi, a-t-elle averti, «le risque, d'un point de vue économique, est celui d'une rétraction, d'une montée du protectionnisme, d'un isolement, ce qui est exactement les caractéristiques de la situation dans les années 1930 et ce qui a suivi n'est pas vrai. Abordant les perspectives économiques mondiales, Mme Lagarde les a qualifiées d'«assez moroses» avec des révisions de la croissance à la baisse généralisées, des déficits plus élevés que prévu et des finances publiques dans un état précaire. «Et c'est à peu près vrai dans le monde entier", a-t-elle déclaré. La seule exception, selon elle, s'applique aux marchés émergents et aux économies asiatiques, qui étaient les plus durement touchées pendant la crise économique des années 1980-1990 mais qui avaient su, a-t-elle renchéri, prendre les mesures nécessaires pour remédier aux faiblesses de leur système bancaire et de leur cadre réglementaire. Pour la patronne du FMI, «la résolution de la tourmente financière actuelle va devoir commencer à partir du noyau de la crise pour le moment, ce qui est évidemment les pays européens et en particulier les pays de la zone euro, qui se partagent cette union monétaire". Sur ce point, elle a jugé que la zone euro est une union monétaire qui n'avait pas été correctement complétée par une union économique et budgétaire. Tandis que les dirigeants de l'Europe travaillent à résoudre leurs monumentaux défis, l'impatience des marchés financiers constitue un problème, a-t-elle noté. Le FMI envisage de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2012 par rapport à ses pronostics de septembre dernier en raison d'une reprise économique mondiale déséquilibrée combinée avec la crise européenne de la dette et les perturbations des marchés. Sur le plan mondial, en conclusion du communiqué de l'Aps, le FMI avait déjà révisé en baisse, en septembre dernier, ses prévisions de croissance en tablant sur une croissance mondiale de 4% en 2012 contre des prévisions, faites en juin dernier, de 4,5%.