Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, décédé mercredi à l'âge de 96 ans, a été inhumé vendredi après-midi au carré des Martyrs du cimetière El-Alia (Alger), en présence du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. De hauts responsables de l'Etat, des moudjahidine, des personnalités nationales et étrangères, des membres des corps constitués, des représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie, ainsi que des amis et compagnons du défunt ont assisté aux funérailles. "Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour accompagner à sa dernière demeure un grand homme qui a consacré toute son existence à l'Algérie et à son indépendance. Un sage qui a marqué à la fois l'histoire de la guerre de libération et celle de l'Algérie indépendante dont il fut le premier président", a notamment souligné le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbes qui a prononcé l'oraison funèbre. Avant l'enterrement, le cortège funèbre a emprunté la rue Didouche Mourad, la Grande-Poste, le boulevard de l'ALN pour arriver au cimetière d'El Alia. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a accompagné le cortège funèbre du défunt Ahmed Ben Bella, qui s'est ébranlé du palais du Peuple vers le cimetière El Alia. Auparavant, la dépouille mortelle du défunt avait été transférée au Palais du Peuple où de nombreux citoyens lui ont rendu un dernier hommage. Par ailleurs, des dirigeants maghrébins notamment se sont rendus vendredi à Alger afin d'assister aux obsèques de Ben Bella et présenter les condoléances au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et au peuple algérien. Le président mauritanien M. Mohamed Ould Abdelaziz a en effet dépêché son Premier ministre M. Moulay Ould Mohamed El Aghdas qui a qualifié la mort de Ben Bella de "perte pour l'Algérie ainsi que pour le monde arabe et musulman, compte tenu de son rôle historique pour la libération de son pays et de son combat pour l'unité maghrébine et arabe". De son côté, le président tunisien, M. Mohamed Moncef Marzouki a affirmé que la mort d'Ahmed Ben Bella était "une perte pour le Maghreb et le monde arabe". "Il était un symbole du militantisme pour l'Algérie et le tiers-monde. Nous compatissons avec l'Algérie et nous sommes venus nous recueillir à la mémoire des chouhada algériens", a ajouté le chef de l'Etat tunisien. Pour le président du mouvement tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, le peuple algérien vient de perdre en le président Ben Bella "une des grandes personnalités de la Révolution algérienne et un des grands leaders du monde arabe et du tiers-monde (...)". "Nous ressentons sa disparition comme la perte de l'un de nos dirigeants. Nous ne sommes pas venus seulement pour présenter nos condoléances mais aussi pour partager la douleur du peuple algérien", a indiqué pour sa part le chef du gouvernement marocain, M. Abdelilah Benkirane. Le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a également présenté les condoléances de la République arabe sahraouie démocratique, du Front Polisario et du peuple sahraoui au peuple algérien et son président pour la perte de "l'un de ses héros et symboles de la lutte contre le colonialisme en Algérie". Aux obsèques de Ben Bella, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), M. Jean Ping s'est fait représenté par M. Meftah Mesbah Ezaouan, président de la délégation permanente de l'UA à la Ligue arabe. M. Ezaouan a estimé que l'Afrique a perdu en Ben Bella un "grand homme", formant le v£u que "l'Algérie et l'Afrique puissent trouver une relève à cette personnalité qui a légué un grand héritage aux actuelles et futures générations". Par ailleurs, la presse nationale et internationale a réservé de larges espaces à la disparition d'Ahmed Ben Bella, rappelant son parcours de militant pour l'indépendance et ses actions sur les plans national et international. Cette circonstance, a été également marquée par les réactions de plusieurs partis politiques et organisations nationales et étrangères ayant exprimé, le même jour, leur "profonde affliction" suite à la mort de Ben Bella, soulignant que la "nation arabe vient de perdre un de ses éminents dirigeants". Ahmed Ben Bella, né le 25 décembre 1916 à Maghnia (Tlemcen), a adhéré au Parti du peuple algérien (PPA) où il était responsable pour l'Oranie de l'Organisation secrète (OS). Arrêté à Alger en 1950, il est emprisonné à Blida avant de réussir à prendre la fuite, deux ans plus tard, en compagnie d'Ali Mahsas. En 1953, il rejoint Aït Ahmed et Mohamed Khider au Caire (Egypte) pour se voir charger de la mission d'acheminer des armes et munitions en Algérie, la veille du déclenchement de la guerre de libération nationale. Membre de la délégation extérieure du Front de libération nationale (FLN), Ben Bella fut arrêté par les services de sécurité français, après l'interception de l'avion "Air Atlas", de retour du Maroc, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf. Libéré à l'indépendance, Ben Bella est élu, le 15 septembre 1963, président de la République, président du conseil. Après une période d'exil, Ben Bella avait lancé, en France, le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA), avant de rentrer définitivement au pays le 29 septembre 1990. Ahmed Ben Bella, qui a soutenu la politique de réconciliation nationale mise en oeuvre par le président Bouteflika, était président du groupe des Sages de l'Union africaine (UA), depuis 2007. Suite à l'annonce de son décès, le président Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil de huit jours sur l'ensemble du territoire national.