Accidents de la route en zones urbaines: 11 morts et 449 blessés en une semaine    Batna: la dépouille mortelle du moudjahid Lakhdar Benchaïba inhumée au cimetière d'Arris    Algérie-Royaume-Uni: le Conseil d'affaires compte jouer un rôle clé dans le renforcement de la coopération bilatérale    Le président de la République reçoit le ministre des Forces armées de la République du Sénégal    Des chutes de neige attendues sur les reliefs du Centre et de l'Est du pays à partir de ce vendredi    La communauté internationale salue unanimement l'accord de cessez-le-feu à Ghaza    Judo/Championnats d'Afrique (Seniors): l'Algérie accueillera l'édition 2027    Handball/Italie-Algérie: "à ce stade de la compétition, la victoire est impérative"    Boughali reçoit des représentants de l'Association des parlementaires algériens    Etablissements universitaires: la numérisation commence à porter ses fruits    Batna: décès du moudjahid Lakhdar Benchaïba, dit Abdelhafid    Sahara occidental: le mouvement de solidarité allemand condamne l'incendie du siège de l'ONG danoise "Global Aktion"    27ème fête du dromadaire: intenses répartitifs à Bordj Badji Mokhtar    Algérie-Niger: SONIDEP bénéficiera de l'accompagnement de Sonatrach pour la réalisation d'une raffinerie et d'un complexe pétrochimique    Ghaza: plusieurs martyrs dans des bombardements de l'armée sioniste    Judo/Championnat d'Algérie: début des épreuves éliminatoires à La Coupole    La nouvelle politique industrielle 2025/2030 en Algérie, liée au développement des PMI/PME innovantes et de la sous-traitance    La France n'a jamais été aussi endettée    Coupe de la Confédération : Simba SC – CS Constantine à huis clos    Ligue 2 : Le GC Mascara prépare la phase retour à Chlef    Le RCK qualifié aux 8es de finale    Le président de la CIJ a donné sa démission    Les colons coupent des dizaines d'oliviers    Des Espagnols prônent l'interdiction des équipes sionistes aux compétitions sportives internationales    Un corps sans vie repêché d'un puits    Un nouveau programme de 2.500 logements tous types confondus    Quatre réseaux nationaux neutralisés par les services de la sécurité    «Importation de 28.000 tonnes de viandes rouge et blanche pour le Ramadhan 2025»    Les nominations décalées à cause des incendies en Californie    Tombouctou, centre intellectuel    Un destin brisé, dont le seul nom incarnait l'Algérie    Energies renouvelables : M. Yassaâ reçoit le président de la fondation Amidoul, lauréate du prix World Habitat    Rebiga au Mozambique pour assister à la cérémonie d'investiture du président élu    L'ONU salue l'évolution démocratique dans le pays    Serge Faubert l'influenceur algérien «Bruno Retailleau a voulu faire un acte de communication. (... ) Il est pris à son propre piège»    «Œuvrer continuellement à intensifier l'effort de préparation au combat»        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



67 ans après, Kherrata n'oublie rien
Publié dans Algérie Presse Service le 07 - 05 - 2012

67 ans après, le souvenir des sombres et tragiques massacres, endurés en mai 1945, peine à s'estomper à Kherrata, une agglomération enserrée dans la montagne des Babors, à quelque 70 km à l'est de Béjaïa.
Les quelques rescapés, encore vivants, continuent toujours à tressaillir à chaque fois que des lambeaux de mémoire remontent en surface. "Durant, 10 jours, on a vécu l'enfer", racontent-ils.
Le rituel s'était déroulé comme dans un jeu de massacre en fête foraine. Les soldats, haineux et zélés, jubilaient à chaque fois que le bruit des corps se fracassant sur les parois des roches remontait du fin fond des gorges de Chaabet Lakhra .
Arab Hanouz, assistant médical, à Kherrata et ses deux enfants étaient les premiers à en faire les frais. Ils ont été précipités vivants du haut d'un pont, poings et mains liés avec du fil barbelé.
"On jette ?", demandaient non sans délectation, à leur chef, les trois bourreaux, désignés à l'infâme besogne. "Balancez !", répondait-il, tout content de se débarrasser de ces "colis" encombrants.
Da Lahcène (M. Bekhouche), du haut de ses 84 ans, tremble encore, en évoquant ces horribles et indélébiles souvenirs, lui, qui a échappé miraculeusement à son sort, après avoir taquiné le parapet de la géhenne.
"On m'a épargné à priori à cause de mon jeune âge", croit-il savoir, sans en être certains, car les soldats dans leur ardeur ont exécuté des plus jeunes que lui.
Un déchaînement de l'horreur
Il n'en avait que 17 ans alors, lorsque l'horreur s'était déchaînée dans cette région déjà fortement "accablée par la misère, le dénuement et la mal vie", précise Khalef Abdelkader, qui se souvient, pour sa part, que les populations locales ne bénéficiaient que de "trois kg d'orge par personne et par mois".
"C'est le côté bienfait du colonialisme", plaisante-t-il avant que les souvenirs ne l'assaillent.
"Les événements ont commencé réellement le 9 mai 1945. Au lendemain, des manifestations sanglantes de Sétif, tous les villageois de la région ont convergé à Kherrata pour prendre part à une marche pacifique, organisée en guise de solidarité avec les victimes dont Bouzid Saal, originaire de Djermouna.
Pendant sa procession, un jeune marcheur, Chibani El-Kheir, sorti des rangs, au passage devant le siège de la poste de la ville, a été abattu sans sommation. C'était, le receveur des P et T en personne qui l'avait ciblé, provoquant une révolte immédiate", a-t-il expliqué.
"La foule s'est soudainement déchaînée", renchérit, Da Lahcène Bekkouche, affirmant s'être précipité vers une station-service mitoyenne d'où il a pris un bidon de carburant et mis le feu à la poste.
"Un jeune employé algérien y a trouvé la mort par erreur", a-t-il indiqué, soulignant que les événements ont du prendre de l'ampleur, avec l'incendie de plusieurs bâtiments, avant que l'armée coloniale n'intervienne en force, déployant toute sa puissance de feu.
Chasse à l'Arabe
"Au moins 20 cadavres jonchaient le centre-ville et une dizaine d'autres aperçus à la sortie", se rappelle Allik Saad, un autre rescapé, âgé alors à peine de treize ans, et qui a dû souffrir alors le martyre. "En guise de représailles, les soldats, ont ratissé tous les hameaux, tuant et incendiant sans ménagement. Entrant dans notre maison, des soldats de la légion étrangère, reconnaissables à leurs képis blancs, se sont mis à fouiller partout, et tirer sur tout ce qui bougeait. Caché, derrière un rocher mitoyen à la maison, j'ai vu mon père, ma mère, mes deux frères et ma sœur, se faire abattre, l'un après l'autre", raconte-t-il frémissant de douleur, avant que les larmes n'embrument ses yeux.
"J'étais tétanisé des heures entières. Impossible de sortir de ma cachette pour examiner les dégâts", se souvient-il, notant que 67 ans après, "quand je repasse le film de l'horreur, le cauchemar me tient éveillé toute la nuit".
S'ensuit alors, une expédition punitive atroce de plusieurs jours, au cours desquels, des centaines d'Algériens ont été précipités des ravins rocheux de Chaabet Lakhra.
"Ils les ont tués de façon horrible, les ont mutilés, en jetant sur les cadavres rassemblés des grenades, puis les ont enterrés, en recouvrant les corps déchiquetés avec du mortier", ajoute M. Allik.
La chasse à l'Arabe a duré jusqu'au 22 mai, date coïncidant avec un rassemblement général de toutes les populations de la région orientale de la wilaya, allant de Kherrata jusqu'à Aokas, sur une distance de quelque 50 km sur les plages de Melbou durant une journée entière, et au cours de laquelle, en signe d'intimidation, l'armée coloniale, s'est livrée à une parade démonstrative, mobilisant ses bateaux, son aviation et son infanterie.
"Les brimades, les tortures, les exécutions sommaires ont été légion. Et la barbarie appliquée était telle que plusieurs femmes enceinte terrorisées ont du enfanter sur place", rapporte pour sa part le moudjahid Bourzazene Ahmed, âgé alors de 14 ans.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.