Jeté à la Seine la tête en sang, après avoir reçu des coups de matraque et de crosse, Lahcene nage difficilement vers le bord ; il s'accroche aux anneaux de fer qui servent pour attacher les bateaux et se hisse sur le quai. Le 17 octobre 1961, des centaines d'Algériens, qui manifestaient contre le couvre-feu que le préfet de police Papon leur avait imposé, ont été tabassés à mort, ligotés, tués et jetés dans la Seine par des policiers déchaînés. Boulenouar Lahcene, natif de Djemaâ Sekhra, et âgé alors d'à peine de 21 ans, a miraculeusement échappé à la mort ce jour-là. A l'occasion d'une rencontre, organisée par l'association scientifique Ad Fratres (atelier d'anthropologie), le rescapé miraculeux du massacre du 17 octobre 1961 revient sur cette nuit cauchemardesque. Il raconte dans les détails l'horreur qu'il a vécue cette nuit-là. Jeté à la Seine la tête en sang, après avoir reçu des coups de matraque et de crosse, Lahcene nage difficilement vers le bord ; il s'accroche aux anneaux de fer qui servent pour attacher les bateaux et se hisse sur le quai. Il vient d'échapper à une mort certaine. Il regagne son domicile où il fut pris en charge par ses compatriotes. Jean-Luc Einaudi, dans son livre «La bataille de Paris» où il relate l'histoire de ce massacre perpétré en plein cœur de Paris il écrit ceci: «Boulenouar Lahcene, qui habite rue Maître Albert et n'est en France que depuis un mois, se dirige vers la Seine. En descendant les quais, en face du jardin de Notre-Dame, il voit une vingtaine de policiers en tenue avec deux Algeriens. Ceux ci sont frappés. Deux policiers cognent la tête de l'un d'eux contre un arbre. Boulenouar Ahcene entend soudain crier: mains en l'air!» Quand ils arrivent près de lui, les policiers le frappent à coups de bâton et de crosse. Il tombe. Un policier le prend par les mains, un autre par les pieds et ils le jettent à la Seine.