La participation en masse des ressortissants algériens établis en France aux élections législatives qui débutent mardi dans ce pays, est salutaire pour la démocratie et le renforcement de l'Etat de droit, ont affirmé à l'APS des représentants de la communauté nationale dans l'Hexagone. Tout en soulignant que chaque citoyen a le "devoir" de participer à la vie politique de son pays, Chems-eddine Hafiz, avocat à la Cour à Paris, a estimé que ce devoir citoyen se concrétise "au minimum" par aller voter et éventuellement accepter d'être élu. "Electeur et/ou Eligible, c'est participer à protéger la souveraineté nationale et lorsqu'il s'agit des élections législatives, c'est à contribuer l'élaboration de la loi", a-t-il dit. Pour l'homme de Droit et conseiller juridique de la Grande mosquée de Paris, deux éléments "importants" caractérisent cette élection législative : L'introduction dans le nouveau code électoral algérien d'une commission nationale de supervision des élections chargée de l'organisation et le suivi des élections composée exclusivement de magistrats, et le suivi du scrutin par plus de 500 observateurs internationaux, en plus de deux délégations d'ONG. "C'est la première fois que ce scrutin législatif devrait intervenir dans des conditions normales. Celui de décembre 1991 avait été, à raison, interrompu à la suite des résultats du premier tour, et les trois législatures précédentes (1997, 2002 et 2007) se sont déroulées sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence", a-t-il rappelé. Tout en signalant que la communauté nationale établie en France a toujours été consciente des devoirs qui sont les siens envers l'Algérie, Me Hafiz a jugé "anormal" de poser un regard "suspicieux" sur cette communauté qui aspire, a-t-il dit, à être une passerelle entre les deux rives de la Méditerranée et une "chance pour l'Algérie". Pour organiser, au sein de la représentation nationale, la communauté algérienne établie en France, il a plaidé, pour venir en appoint aux entités existantes (Ambassade, Consulats, Centre culture à), en faveur d'un "vrai relais institutionnel" pour "porter efficacement les attentes de cette communauté. Dans ce cadre, le président du Cercle d'Amitié Franco-algérien, Dr Adam Benahmed, a souhaité la mise sur pied "au plus vite" du Conseil Consultatif de la Communauté Nationale à l'Etranger dont le décret présidentiel l'instituant, a-t-il rappelé, a été promulgué il y a deux ans. "C'est le souhait de notre cercle et des associations qui y sont affiliées", a-t-il indiqué, estimant que le Conseil serait à même "d'épauler les futurs députés durant leur mandature". Pour Dr Benahmed, une forte participation de la communauté aux élections législatives est à même d'apporter le "déclic" pour les concitoyens en Algérie. Il s'agit aussi, selon lui, de montrer aux autorités françaises que les "Algériens et surtout les Franco algériens sont très mobilisés chaque fois qu'il y a un évènement en Algérie, et leur attachement à leur pays d'origine". "Vis-à-vis des autorités algériennes, il est question de manifester une volonté de cette communauté d'être associée aux grandes décisions et aux mutations et projets concernant le devenir de la Nation", a-t-il ajouté. Aux yeux du président de l'Association Provence Citoyenneté Plurielle, Abdallah Zekri, la communauté nationale en France, en tant que composante à part entière du peuple algérien, a aussi son mot à dire dans l'amendement de la Constitution, une des principales missions qui seront dévolues à la prochaine Assemblée. "Le vote des Algériens de l'Hexagone doit rappeler aux dirigeants du pays que la communauté est de plus en plus mobilisée pour accompagner la construction d'une Algérie démocratique", a-t-il indiqué, affirmant que par cet acte citoyen de voter cette communauté veut "affirmer son existence et son droit d'accès aux mêmes droits que les nationaux établis en Algérie. Pour ce faire, M.Zekri a plaidé pour l'abrogation de la disposition du 49/51 (LFC 2009) liant le droit à l'investissement en Algérie au lieu de résidence et appliquée, selon lui, "à tort aux Algériens établis à l'étranger". "Cette disposition a ouvert la voie à une discrimination entre Algériens locaux et Algériens expatriés", a-t-il regretté, souhaitant que les futurs représentants de l'immigration au Parlement militent pour son abrogation s'agissant des membres de la communauté nationale. Pour Kamel Hamza, élu à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), les Algériens établis en France, en allant voter à partir de mardi, veulent exprimer la volonté d'être des "acteurs du développement du pays et de son destin et non pas des spectateurs". Tout en relevant que plusieurs pays arabes ont commencé à nouer des ponts avec les pays occidentaux, dont la France, il a estimé que les prochains représentants de l'immigration "devront pouvoir construire les bases de relations d'échanges entre les deux rives de la Méditerranée". "Sinon nous risquons d'isoler deux populations qui composent les richesses d'une même nation", a prévenu l'élu, issu de la diversité. "Voter pour un Algérien établi en France est un acte important car il s'agit de sortir une partie de la population algérienne de l'isolement, de l'abandon", a-t-il soutenu, regrettant que depuis plusieurs années l'Algérie représente pour la communauté établie en France, les vacances d'été, ou l'accompagnement d'un mort dans le pays d'origine. "L'Algérie représente plus que cela, il y a peut-être la réalité des actes administratifs dans les consultas, il doit y avoir désormais les possibilités de trouver des opportunités économiques dans ce pays qui est aussi le nôtre et dont les richesses partagées sont nombreuses", a-t-il estimé. Quelques 490.000 électeurs seront appelés, trois jours durant (8,9 et 10 mai), à choisir entre 23 candidats représentants autant de partis politiques en France-Nord (Zone I), qui se disputeront deux sièges à la future Assemblée. Le gros du corps électoral dans cette zone est à signaler à la circonscription consulaire de Bobigny avec 90.078 électeurs.