Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, et la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), Ertharin Cousin, ont lancé lundi une autre alerte sur la crise humanitaire que traversent plusieurs pays du Sahel en appelant à une action urgente. "Le temps qui est disponible pour sauver des vies passe vite. Aujourd'hui, nous lançons un appel à la communauté internationale au nom des personnes les plus vulnérables au Niger et dans les pays du Sahel. Il faut agir maintenant", ont-ils souligné à l'issue d'une visite de 4 jours au Niger qui traverse une crise humanitaire de plus en plus profonde. Selon eux, "l'impact d'une succession rapide de sécheresses, des prix particulièrement élevés des denrées alimentaires et les mauvaises récoltes ont été aggravés par l'arrivée de réfugiés du Mali". Des dizaines de milliers de gens ont dû se réfugier dans les zones les plus affectées par la sécheresse, où ils se joignent aux millions de personnes menacées par la famine, ont-ils affirmé. Les agriculteurs de petites exploitations et les éleveurs sont désormais à un point où ils ont épuisés leurs ressources et ils sont incapables de reconstruire leurs stocks. L'ONU a donc renforcé son programme d'assistance alimentaire pour presque quatre (4) millions de personnes et soutient à présent quelques 160.000 réfugiés qui ont fui les combats au Mali. Le HCR a déplacé les réfugiés des zones frontalières volatiles vers des camps à l'intérieur du Niger, mais des craintes persistent que l'instabilité politique et sécuritaire au Mali pourraient pousser plus de personnes à se réfugier dans les pays voisins, qui ont déjà du mal à faire face à la situation, selon l'ONU. "Alors que nous entamons la saison maigre dans le Sahel, la communauté internationale doit respecter ses engagements à la fois financiers et politiques si nous voulons remplir les besoins nutritionnels et sécuritaires des populations vulnérables", ont-ils rappelé. Il est temps, ont-ils insisté, "de mobiliser les ressources, à la fois financières et politiques, pour trouver des solutions qui permettraient d'éviter que la crise au Mali ne menace pas davantage la sécurité dans la région et que la situation ne se transforme pas en menace pour la sécurité mondiale". Malgré les réactions initiales des bailleurs de fonds, les besoins restent considérables et la saison de la famine a commencé plus tôt que prévu. Il y a actuellement 15 millions de personnes qui font face à une insécurité alimentaire au Sahel. Selon les estimations, il faudrait 450 millions de dollars pour aider les personnes dans la région qui en ont besoin. Le mois dernier, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a appelé la communauté internationale à agir rapidement pour résoudre ce qu'il a qualifié de "cascade de crises" au Sahel.