Le parcours politique et diplomatique du regretté Mohamed Seddik Benyahia était au centre d'une conférence organisée lundi à Alger par l'association "Machaal Echahid" à l'occasion du 30e anniversaire de sa disparition dans un crash d'avion avec la délégation l'accompagnant dans le cadre d'une mission de médiation entre l'Iran et l'Irak. Les participants à la conférence abritée par le Forum du quotidien El-Moudjahid ont mis en exergue le rôle saillant de l'ancien ambassadeur et ministre des Affaires étrangères dans la promotion de la diplomatie algérienne, le qualifiant de "fin diplomate" et d'"homme engagé". Intervenant à cette occasion, le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a qualifié le diplomate Mohamed Seddik Benyahia, qu'il a connu dans le cadre de son travail en tant que journaliste à l'APS, de "pédagogue" et d'"homme droit, intègre et engagé". M. Mehal a, dans ce contexte, appelé à rendre hommage et à réhabiliter les personnalités nationales qui ont fait la gloire et la fierté de l'Algérie avant et après l'indépendance. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, a, pour sa part, évoqué le rôle diplomatique qu'a joué feu Benyahia avant et après l'indépendance, soulignant que le défunt avait "une vision large et approfondie des relations diplomatiques entre les pays et à tous les niveaux". Mohamed Seddik Benyahia était un des premiers anti-impérialistes et opposants à l'hégémonie économique américaine, a-t-il ajouté. L'ancien ambassadeur, Salah Ben Kobi, a, quant à lui, rappelé que Mohamed Seddik Benyahia était un des militants et des négociateurs les plus en vue pour l'indépendance de l'Algérie. "Il était parmi les premiers étudiants qui ont rejoint le mouvement national puis la révolution pour la libération du pays", a précisé cet ami du défunt, ajoutant qu'"il était également un membre actif de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) et avait fait partie de la délégation algérienne ayant pris part à la 1ère conférence afro-asiatique de Bandung (Indonésie) en 1955 à l'occasion du 1er anniversaire de la conférence du Mouvement des non-alignés". Après l'indépendance, le défunt a occupé de hautes fonctions au sein de l'Etat, la dernière était ministre des Affaires étrangères, a rappelé M. Ben Kobi. La diplomatie algérienne a connu son âge d'or durant son époque. Il a avait joué un rôle important dans la réussite de la conférence de Belgrade du Mouvement des pays non alignés (1961), celle de l'OUA (1963) et celle du Mouvement des pays des non-alignés tenue en Algérie à l'époque du défunt président Houari Boumediene (1979), a-t-il ajouté. Parmi les plus grands dossiers qui lui ont été confiés alors qu'il était ministre des Affaires étrangères, celui de la libération des otages américains à Téhéran en 1979. En tant que ministre de la Culture et de l'Information, feu Seddik Benyahia avait organisé avec talent le premier festival panafricain en 1969. Cette manifestation culturelle, a précisé le conférencier, avait "réconcilié l'Afrique noire avec le monde arabe". Les conférences et autres rencontres organisées lors de ce festival, a déclaré M. Ben Kobi, avaient suscité un rapprochement entre les thèses des deux parties au bénéfice de la cause palestinienne. Pour la première fois l'Afrique soutenait les causes arabes et à leur tête la cause palestinienne, a souligné M. Ben Kobi. Né le 30 janvier 1932 à Jijel, le défunt Mohamed Seddik Benyahia était titulaire d'une licence en Droit de la Faculté d'Alger (1953). Il a grandement contribué à la réussite de la grève des étudiants le 19 mai 1965. En sus de sa participation aux négociations d'Evian, il a été nommé, après l'indépendance, ambassadeur dans plusieurs pays dont la Grande Bretagne et la Russie. Il a également était ministre de l'Information avant d'accéder a la tête du ministère de l'Enseignement supérieur où il fut chargé de la réforme du secteur. Mohamed Seddik Benyahia est décédé alors qu'il exerçait les fonctions de ministre des affaires étrangères, le 3 mai 1982 dans un crash d'avion qui le transportait ainsi que 13 cadres du ministère en direction de l'Iran où il devait jouer le rôle de médiateur dans le conflit frontalier entre Téhéran et Baghdad.