Mourad Benchaouaou, l'un des derniers vanniers de Constantine, se dit triste de constater le peu d'intérêt des jeunes pour ce métier, dans la ville du Rocher, mais aussi dans toutes les régions du pays. Cet artisan-vannier qui exerce depuis plus de 35 ans est heureux d'exposer une partie de sa production au somptueux palais du Bey dans le cadre du mois du patrimoine. Il estime que c'est une façon de mettre en valeur ce noble métier et de le remettre au goût du jour, en donnant à admirer des objets "réellement faits main, avec amour, qui n'ont rien à voir avec ces bidules importés, fabriqués à la chaîne dans certains pays asiatiques". Les vrais professionnels de la vannerie vivent une situation de crise due, essentiellement, à la disparition de la main d'oeuvre spécialisée, déplore M. Benchaouaou qui souligne la "nécessité d'imaginer des mesures incitatives pour amener les jeunes à s'intéresser à ces métiers". Ce vannier passionné a hérité cet art de son père qui s'était reconverti à cette activité dans les années 1960. Aujourd'hui, dans son petit atelier de la vieille ville, il produit des objets assez volumineux comme des chaises, des rocking-chairs, des tables, des salons, ou plus petits comme des paniers et des corbeilles de différentes dimensions, ainsi que d'autres objets de décoration (sets de table, tapisà) qui suscitent un vif intérêt auprès des visiteurs, nombreux à se déplacer en famille depuis l'ouverture de cette exposition-vente. Les prix de vente au public des articles en osier sont à la portée des bourses moyennes. "Nous faisons l'effort de réduire notre marge bénéficiaire au strict minimum pour attirer le public et permettre à notre métier de vivre, même si je persiste à dire que le salut de la vannerie traditionnelle dépend surtout des jeunes qui doivent s'y intéresser", indique M. Benchaouaou en rappelant qu'aujourd'hui, ce métier n'est plus guère exercé, en Algérie, que par de rares professionnels. Se félicitant de la tenue de telles manifestations, il considère que ce type de salons "contribue à la sauvegarde des activités menacées de disparition, qu'il s'agisse de la vannerie, de la dinanderie, de la chaudronnerie ou encore de la passementerie d'art". L'exposition organisée au palais du Bey regroupe une vingtaine d'artisans spécialisés, entre autres, dans la poterie, la bijouterie, l'habillement traditionnel et la sculpture sur bois. C'est aussi une opportunité pour les constantinois de découvrir les différentes facettes des arts ancestraux qui avaient jadis droit de cité dans leur ville, et de se rendre compte que certains métiers ont encore leurs tutélaires. L'exposition se veut également, selon ses organisateurs une occasion pour inciter les jeunes à investir dans l'artisanat et préserver par-là même tout un patrimoine. La célébration du mois du patrimoine dans la wilaya de Constantine a été également marquée par l'organisation d'une exposition sur l'art islamique, au musée Cirta, en plus de visites guidées au palais Ahmed Bey, au musée Cirta et au théâtre régional de la ville.