Les habitants de la vieille ville d'Ouargla ont pris part ce week-end à la procession du lit nuptial de Lalla Mansoura, qui clôture ce rite saisonnier de trois jours consacré à une mariée d'antan qui a inexplicablement disparu le jour de ses noces et que d'aucuns considèrent comme une sainte. Les ksouriens ouarglis étaient nombreux, vendredi, à lire la Fatiha du Livre saint et à psalmodier d'autres prières, avant de suivre en procession, et dans un silence religieux par respect pour les obsèques de deux personnes du ksar qui avaient lieu au même moment, le lit nuptial de Lalla Mansoura, le long d'un circuit exceptionnellement écourté. La procession s'est donc contentée, cette année, de transporter le lit nuptial, où se trouvent tous les effets de la mariée, jusqu'au monument en forme de coupole, dédié à celle qui est considérée comme une sainte, et qui se trouve à l'entrée du ksar, soit la porte qui porte son nom. Auparavant, le lit de Lalla Mansoura, constitué d'un sommier saharien à l'ancienne, fait de branches de palmier et surmonté d'un baldaquin où les rideaux sont utilisés comme moustiquaire, a été longuement exposé aux regards des habitants venus se recueillir et se procurer un peu de b'khour (encens), préparé par des femmes, parentes de la disparue. Décrivant le trousseau de la mariée de jadis, madame Gouas Aïcha, une des organisatrices de l'évènement, a déclaré que le "houli (voile de laine tissé) pourpre fait partie intégrante de la tenue nuptiale des mariées au côté des bijoux". Les festivités de Lalla Mansoura commencent mercredi soir par l'encensement de la maison par un b'khour traditionnel, "un mélange d'aromates, de parfum et de safran, que la mariée ouarglie est tenue d'emporter dans son nouveau foyer", ont expliqué les organisatrices. Le deuxième jour, un grand couscous au Bendreg (pourpier) est servi aux hommes. Le jour suivant, la même spécialité est servie aux femmes et aux enfants avant que ne s'ébranle la procession. "Cette célébration perpétue le souvenir de la jeune Mansoura, qui est une de nos aïeules", a déclaré Mohamed Feddane, président et fondateur de l'association Lalla Mansoura, créée en 2011. "Cette commémoration avait été décidée par le père de la mariée, qui très attaché à sa fille a voulu en perpétuer le souvenir", a-t-il ajouté. Selon les propos recueillis sur place auprès de M. Feddane et des femmes de la famille, animatrices de la manifestation, la jeune mariée a été littéralement "avalée par la terre" dans la maison paternelle. La procession du lit de Lalla Mansoura a lieu à chaque printemps. Selon certains spécialistes, ce rite, lié au calendrier agraire, remonterait à l'antiquité. Selon d'autres études, ce rite était jusqu'au 19ème siècle une étape incontournable pour les nouvelles mariées et faisait partie du rituel des noces à Ouargla. La procession de Lalla Mansoura marque désormais l'ouverture des festivités du ksar, instituée par l'Association du ksar pour la culture et l'Islah.