L'ancien Secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Boualem Benhamouda, a appelé, mercredi à Ksar-El-Boukhari (Médéa), à constituer des "dossiers solides" sur les crimes commis par l'occupant français à l'encontre du peuple algérien afin de mettre les autorités françaises "devant leur responsabilité". Il s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie commémorative, à la mémoire des martyrs et des anciens détenus du sinistre Centre militaire d'internement spécial (CMIS) de Ksar-el-Boukhari, connu sous le nom "Camora", à laquelle a pris part le Secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Said Abadou. L'ancien ministre et détenu de ce camp d'internement a appelé les historiens et les chercheurs à "collecter toutes les preuves et les témoignages se rapportant aux conditions de détention de milliers d'Algériens, internés de force et souvent sans jugement, dans les différents centres de détentions crées par l'occupant pour terroriser la population et faire avorter la Révolution de Novembre 54". "Il est temps de constituer des dossiers solides, appuyés de preuves irréfutables sur les exactions commises contre les Algériens durant cette période de notre histoire, et contraindre les autorités officielles en France à reconnaître le caractère criminel de ces actes", a souligné M. Benhamouda. Il a estimé qu'une telle démarche est "l'unique moyen de démonter les arguments fallacieux des défenseurs du colonialisme" et "d'appuyer" les actions déjà entreprises pour amener les autorités officielle en France à "se repentir" et à "reconnaître officiellement" le caractère "génocidaire" des actes perpétrés à l'encontre du peuple algérien. L'ancien ministre a dévoilé, au cours de son intervention, certains faits "répressibles" et "condamnables" commis contre les internés du "Camp Morand" (son appellation officielle), citant notamment les "cas fréquents de torture et d'exécution extrajudiciaire", dont l'une des victimes n'était autre que feu Aissat Idir, interné de force et exécuté de sang-froid, quelques jours après sa libération de prison. Selon le témoignage de l'ex-détenu du "Camp Morand", ils étaient plus de 3.000 Algériens, dont de nombreuses femmes, qui "croupissaient" à l'intérieur des geôles de ce sinistre centre de détention et qui ne furent libérés qu'à l'indépendance. Des milliers d'autres Algériens y avaient transité, depuis son ouverture en 1939, et beaucoup n'ont pu en ressortir vivants, selon M. Benhamouda.