"Les enfants des nuages : la dernière colonie", un film documentaire poignant sur la répression au Sahara occidental et la situation dégradante des droits de l'homme dans les territoires occupés, a été projeté mardi au Parlement européen à Bruxelles, en présence des co-producteurs et des eurodéputés membres de l'intergroupes "Paix pour le peuple sahraoui". Une heure et demie durant, des images sur la répression des forces marocaines dans les territoires occupés du Sahara occidental prennent le spectateur par la gorge, révélant à l'opinion une situation décrite comme "dégradante" des droits de l'homme dans ces territoires et vis-à-vis de laquelle la communauté internationale, l'Union européenne en premier, manifeste "peu d'intérêt". Outre la chronologie des 40 dernières années d'occupation, le film fustige le "silence" et la "complicité" de certains dirigeants occidentaux, espagnols et français notamment, et la "dérobade" des autorités marocaines lorsqu'il s'agit de trouver une solution pérenne au conflit au Sahara occidental, basée sur le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination par voie référendaire. L'Espagne, en tant qu'ancienne force coloniale, et la France, en sa qualité de membre influent du Conseil de sécurité de l'Onu, sont accusés de "bloquer" toute résolution contraignante à l'ONU contre Rabat, en raison de relations diplomatiques "privilégiées" avec le royaume. L'accent est aussi mis sur le fait que la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental) soit la seule mission de l'Onu à ne pas avoir de mandat pour faire respecter les droits de l'homme, alors que les forces de l'ordre marocaines au Sahara sont très souvent accusées par des ONG de violations "graves" et "répétées" des droits de l'homme. Lors d'une conférence de presse qui a suivi la projection du film, l'acteur espagnol Javier Bardem a estimé que la projection du film dans l'enceinte même du Parlement européen est en soi une "victoire" pour la cause sahraouie et permet d'informer sur un cas "grave" de violation des droits de l'homme qui devrait interpeller plus d'un. "Il est regrettable de continuer à considérer que la Realpolitik doit passer avant les droits de l'homme et le fait qu'on privilégie des relations économiques avec le Maroc au détriment des droits humanitaires dans les territoires a retardé la solution du conflit", a-t-il dit. Le directeur du film, Alvaro Longoria, a lui aussi, déploré le "silence" de leaders politiques directement concernés par le conflit, signalant que, durant les quatre années de tournage, son équipe a été confrontée à des "blocages". "J'ai été choqué de ne pas trouver un porte-parole espagnol sur un conflit dont le pays est le premier responsable", a-t-il dit. Pour le directeur du film, ce dernier a pour principal objectif de lancer un appel : "la démocratie est entre les mains de personnes" et "l'exemple du 'printemps arabe' est à méditer" "Le propos, à travers ce film, est de rappeler à nos dirigeants la nécessité d'œuvrer, sans parti pris, dans le bon sens et d'engager une réflexion sur ce qui se passe réellement au Sahara occidental", a-t-il ajouté, fustigeant le "black-out" observé par les médias en France sur la question. Aux yeux de Mohamed Sidati, ministre sahraoui délégué pour l'Europe, cet évènement est de nature à éveiller l'intérêt des politiciens, journalistes, institutions européennes, diplomates et la société civile, et donc les sensibiliser sur la "tragédie du peuple sahraoui qui subit une occupation illégal du Maroc". "La présence de Javier Bardem et la projection du film sont des évènements marquants dans la solidarité avec le peuple sahraoui, car ils conforteront le combat du peuple sahraoui et ses amis pour une solution juste et durable pour le Sahara occidental", a-t-il déclaré à l'APS. "Les Enfants des nuages, la dernière colonie" a été présente en février dernier au Festival international du film de Berlin. Selon son directeur de la production, le film sera prochainement diffusé en Russie et au Japon. "Nous lui souhaitons une plus large diffusion, y compris dans des pays non acquis à la cause, comme la France", a-t-il annoncé.