La 4e commission de l'ONU chargée de la question de la décolonisation, qui examine depuis lundi la situation qui prévaut au Sahara occidental - au même titre que les 15 autres derniers territoires inscrits sur la liste des territoires autonomes des Nations Unies - doit adopter un projet de résolution concernant le dossier sahraoui qui dure depuis plus de trente-cinq ans pour le soumettre à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies avant la fin de l'année 2011. Plusieurs voix et non des moindres s'élèvent en faveur du peuple sahraoui. Des soutiens de poids Les Sahraouis pourront particulièrement compter sur le célèbre acteur espagnol Javier Bardem, qui a remporté un Oscar en 2008 pour le film américain «No country for old men» pour plaider leur cause. «Si le printemps arabe a porté un message très clair qui est celui de laisser le peuple s'exprimer...ce droit a été promis aux Sahraouis par l'ONU et la communauté internationale depuis plus de vingt ans, et cette promesse doit être réalisée maintenant», a-t-il déclaré au cours de son intervention devant la 4e commission de l'ONU, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, dont les travaux ont débuté le 3 octobre au siège des Nations unies à New York. «Je suis ici comme un citoyen indépendant. Je ne suis affilié à aucun parti politique et je ne suis le représentant d'aucun gouvernement. Mais il est de notre devoir de citoyens de rappeler à nos dirigeants leurs responsabilités quand une injustice se produit», a souligné la star internationale du cinéma espagnol. C'est aussi avec la même vigueur et en force que les pays d'Amérique latine soutiendront le droit du peuple sahraoui à s'autodéterminer. Le groupe des Etats de Rio a en effet réitéré son appui aux différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies ainsi qu'aux efforts déployés par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, et Christopher Ross, son représentant personnel pour le Sahara occidental, afin d'aboutir à «une solution politique mutuellement acceptable, juste et durable qui permette l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a indiqué le représentant du Chili à l'ONU, Octavio Errazuriz, qui s'est exprimé au nom des 24 pays d'Amérique latine. «La question du Sahara occidental est, sans doute, la question coloniale la plus cruciale de l'agenda de l'ONU», a jugé pour sa part Motlatsi Ramafole, le représentant permanent du Lesotho auprès des Nations unies. Un contexte explosif Signe du hasard ou de l'histoire, les travaux de cette 4e Commission de l'ONU chargée de se pencher sur le dossier sahraoui portera l'empreinte de la répression marocaine dans les territoires du Sahara occidental. Pour rappel, un match de football qui a opposé, le 25 septembre, le club local du Mouloudia de Dakhla au Chabab Mohammadia, une équipe des environs de Casablanca, a tourné en agression sauvage de la part de colons marocains extrémistes qui ont pris pour cible de jeunes sahraouis. Bilan: sept morts. La ville de Dakhla est depuis assiègée par des unités de l'armée marocaine tandis que la révolte gagne la ville de Boujdour ainsi que d'autres localités des territoires occupés. S'est ensuivi «un climat de terreur et d'intimidation» dénoncé par le président de la Rasd. La répression est malgré tout montée d'un cran. Le président sahraoui a renouvelé son appel: «Le Maroc s'est de nouveau attaqué aux populations civiles dans la ville portuaire de Dakhla, dans le sud des territoires du Sahara occidental, illégalement occupé par le Maroc...», a souligné le secrétaire général du Front Polisario dans un message envoyé au président du Parlement européen, Jerzry Buzek, répercuté par une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie SPS datée du 5/10/2011. Le conflit du Sahara occidental qui est dans l'impasse prendra-t-il la tournure la moins souhaitée pour faire aboutir le droit du peuple sahraoui à se prononcer librement quant à son avenir? Si l'on se réfère aux déclarations du Premier ministre sahraoui dans le dernier numéro de la revue italienne de géopolitique (Limes), parue mardi, il y a de fortes probabilités d'y songer. «Beaucoup de nos compatriotes soutiennent qu'en 16 ans de guerre (1975/1991), nous avons obtenu beaucoup plus de résultats qu'en 20 ans de paix» (depuis le cessez-le-feu signé en 1991 Ndlr), a confié Taleb Omar. «C'est pourquoi la majorité de la population est maintenant en faveur du retour aux armes», a indiqué le chef de l'exécutif sahraoui. Mohammed VI prendra-t-il ce risque ou assouplira-t-il sa position? Le pire n'est pas à écarter.