Au Festival de Berlin, la bonne surprise c'est le long documentaire produit par Javier Bardem sur la question du Sahara occidental. Berlin (Allemagne) De notre envoyé spécial Déjà, au Festival de Cannes, l'année dernière, Javier Bardem avait annoncé à la presse son projet et beaucoup considéraient que le lauréat d'un Oscar et d'un prix d'interprétation à Cannes n'irait pas jusqu'au bout d'autres projets (dont un James Bond lui était proposé !). Mais l'acteur espagnol, animé par une passion profonde pour le combat juste du peuple sahraoui, a fait ce qu'il avait dit. Hijos de Las Nubes, la Ultima Colonia (Les gens des nuages, la dernière colonie), produit par Javier projeté au Festival de Berlin, mais Bardem le présentera lors des prochains festivals de Cannes, de Los Angeles, deToronto et de San Sebastian. C'est une œuvre extrêmement touchante, n'en déplaise à l'ennemi marocain qui consacre beaucoup de moyens dans les médias d'Europe et d'Amérique à la gloire de son forfait. Le film de Javier Bardem et Alvaro Longoria frappe fort et juste. Et allant d'abord dans les coulisses de l'ONU et celles de l'opaque diplomatie internationale, il démontre que l'échec du Conseil de sécurité est entièrement dû au blocage des Etats-Unis et de la France (ces deux pays en ce moment hurlent leur douleur parce que Russes et Chinois ont voté contre la résolution sur la Syrie). Pour la question du Sahara occidental, Javier Bardem, (il est le narrateur du film et il apparaît à l'écran coiffé d'un long turban !), est allé partout pour faire son enquête, y compris en Algérie, il n'y a aucun doute. Ce qui bloque et empêche toute solution juste, c'est le mépris affiché par les gouvernements français et américain face aux espoirs du peuple sahraoui de se libérer du joug marocain. Dix fois, vingt fois, le Conseil de sécurité s'est penché sur la question et chaque fois elle fut balayée, traitée comme la cinquième roue de la charrette par les mêmes membres permanents, alliés au régime de Rabat, laissant ainsi depuis des décennies tout un peuple en transit dans les camps en Algérie et en Mauritanie et dans des territoires occupés sous la plus dure des répressions. En entrant dans la salle de projection, tablant sur le renom mondial de Javier Bardem et du très beau titre de son film, beaucoup de naïfs à Berlin croyaient qu'ils allaient voir des images, genre rallye automobile de Dakar, sur la lumière sublime du crépuscule, des ondulations sensuelles des dunes de sable, le soleil qui écorche sous les rafales de vent de sable, bref sur la beauté du désert... Ils ont constaté dès le début de la projection et l'apparition de Javier Bardem à l'écran en mission anticoloniale que le propos était bien autre ! Les recettes de Hijos de Las Nubes, la Ultima Colonia seront versées à une ONG espagnole qui aide les enfants sahraouis. La grande star a du cœur !