La situation en Somalie est au centre d'une conférence internationale qui s'est ouverte jeudi à Istanbul, en Turquie, avec la participation de représentants de 54 pays sous l'égide des Nations unies, pour évoquer les moyens d'aider la Somalie et d'en finir avec le chaos qui perdure dans ce pays depuis plus de deux décennies. La Conférence, sous le thème "Préparons l'avenir de la Somalie : les objectifs pour 2015", et dont une première édition avait eu lieu en 2010, commence par des discussions entre fonctionnaires de haut niveau, experts et hommes d'affaires sur quatre enjeux essentiels pour la stabilisation du pays : l'eau, l'énergie, les routes et la durabilité. Réunissant les Nations unies, les organisations régionales et Etats impliqués dans le dossier somalien, ainsi que gouvernement somalien fédéral de transition (TFG), les entités régionales et les représentants de la société somalienne, la réunion d'Istanbul a pour but de préparer la période qui suivra la fin de la transition en Somalie sur le plan politique, sécuritaire et économique. Le secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanouglo, et le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping seront également présents à la réunion. A l'ouverture de la réunion, le vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag a déclaré qu'"après une longue période d'instabilité et de conflits, nous avons aujourd'hui devant nous une opportunité pour une vraie paix et une vraie sécurité". "Après de longues années, l'espoir est de retour en Somalie, et en particulier à Mogadiscio", la capitale, a ajouté M. Bozdag, en exhortant les participants à la conférence à donner aux Somaliens les moyens d'assurer leur subsistance. Pour sa part, le Premier ministre somalien Abdiweli Muhammad Ali a insisté sur la nécessité pour les Somaliens de "travailler ensemble", tout en assurant de la "détermination" de son gouvernement à "promouvoir la réconciliation" dans les régions passées sous contrôle du TFG. M. Muhammad Ali a également lancé un appel aux donateurs à "établir un fonds pour la Somalie, et a mis en exergue le besoin de penser à "long terme" pour éradiquer la violence dans son pays. Le ministre togolais des Affaires étrangères, Elliot Ohin, dont le pays est représenté à Istanbul, a souligné le veille que cette conférence constituait "une opportunité pour inciter la communauté internationale à rester mobilisée auprès des Somaliens et à agir de façon coordonnée pour cette mobilisation demeure le plus efficace possible". Vendredi, deuxième journée de la conférence, il sera notamment question du volet politique de l'aide à ce pays de la Corne de l'Afrique. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le chef de la diplomatie britannique William Hague et le président somalien Sheikh Sharif Ahmed doivent participer aux débats. Cette réunion internationale d'Istanbul sera également l'occasion pour les participants de se pencher sur les conclusions d'autres réunions du genre sur la Somalie, dont celle qui avait eu lieu en février dernier à Londres, eu Royaume-Uni. Elle devrait mettre en place une feuille de route pour la reconstruction effective de ce pays. La communauté internationale avait réaffirmé à Londres son engagement à soutenir les Somaliens dans une période décisive pour l'avenir de leur pays. La Somalie est sans gouvernement effectif et en état de guerre civile depuis 20 ans. La situation a permis l'éclosion de nombreuses milices, d'insurgés et de groupes de pirates qui règnent sur de plus ou moins grandes portions du territoire. Le gouvernement de transition somalien, soutenu par la communauté internationale, n'exerce son autorité que dans certains régions du pays, dont la capitale, et ce avec l'appui des forces du maintien de la paix de l'UA, composées de quelque 10.000 hommes. Les "shebabs", un des plus importants groupes d'insurgés somaliens, contrôlent toujours de nombreuses régions dans le pays malgré son départ de Mogadiscio et a intensifié ses attaques contre les forces du gouvernement somalien. Outre l'insécurité et l'instabilité politique, la Somalie a été frappée l'année dernière par la sécheresse, la plus sévère depuis 60 ans, provoquant une famine qui décimé des population entière. Afin d'instaurer une stabilité politique, condition primordiale pour sécuriser le pays, un accord-cadre a été signé le 12 février dernier à Garowe (nord) prévoyant une assemblée constituante en vue d'un Etat fédéral représentatif, pour succéder aux instances de transition dont le mandat expire le 20 août. Cette Assemblée se réunira le 2 juillet pour adopter la nouvelle Constitution provisoire avant le 10 juillet, puis les membres du Parlement avant le 15.