Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, a prévenu jeudi que les facteurs favorisant les déplacements massifs de populations se multipliaient, tout en critiquant la ''politique de forteresse'' pratiquée par des pays industrialisés. Lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York à l'occasion de la publication du rapport sur les réfugiés dans le monde, M. Guterres a déclaré que les déplacements de populations résultant d'un conflit étaient aggravés par l'interaction de nombreux facteurs. Il s'agit, a-t-il cité, de la croissance démographique, l'urbanisation, l'insécurité alimentaire, la pénurie d'eau, la lutte pour les ressources naturelles et du changement climatique ''Dans un monde qui rétrécit, trouver des solutions nécessitera une ferme volonté politique au niveau international'', a-t-il indiqué, en ajoutant que ''le déplacement global exige par définition des solutions internationales dont essentiellement des solutions politiques.'' Parmi celles-ci, la mise à disposition de davantage de logements d'accueil pour les réfugiés dans les pays industrialisés et le lancement de projets de coopération pour le développement afin de soutenir le retour volontaire durable ou l'intégration locale, ainsi que le soutien aux communautés hôtes. Les auteurs du rapport en appellent aussi à la refonte de la notion de responsabilité de protéger les réfugiés, depuis la prévention des conflits jusqu'aux solutions durables. Cette nouvelle publication présente en détail les changements survenus depuis 2006, année de la précédente édition, dans la situation des personnes déracinées. Six ans plus tard, le bilan est résolument sombre, observe le nouveau rapport. Le changement le plus notable est l'émergence du déplacement interne devenu dominant. Actuellement, parmi 43 millions de personnes déracinées à travers le monde, la plupart ne sont pas des réfugiés, mais des déplacés à l'intérieur de leur propre pays. Appelés communément des déplacés internes, ils sont environ 26 millions de personnes relèvent de cette catégorie. En outre, pour les travailleurs humanitaires, aider les déplacés devient de plus en plus coûteux et dangereux. Dans des pays comme la Somalie, l'Afghanistan, le Yémen ou l'Irak, apporter une aide aux déplacés internes signifie opérer dans un environnement où l'accès est difficile et les risques parfois mortels. ''L'espace de l'intervention humanitaire se rétrécit exactement au moment où s'accroît l'exigence d'aide humanitaire et les pressions sur le système de protection internationale augmentent clairement'', selon M.Gutteres. A ce propos, il a affirmé que dans certains pays industrialisés en particulier, se pratique ''une politique de la forteresse ayant pour unique conséquence de transférer ailleurs le sentiment de responsabilité et la compassion''. Or, a-t-il souligné, ''dans un monde où les sociétés deviennent multiculturelles et multiethniques, il est essentiel de promouvoir des valeurs de tolérance et de lutter contre toutes les formes de xénophobie''. Plusieurs chapitres de l'ouvrage sont dédiés aux problèmes émergents, comme le nombre croissant des réfugiés en milieu urbain, ainsi que le déplacement de populations résultant des changements climatiques et des catastrophes naturelles, déplacés qui sont désormais plus nombreux que les déracinés des conflits. Par ailleurs, le rapport passe en revue les problèmes rencontrés par environ 12 millions d'apatrides dans le monde.