Le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme des migrants, François Crépeau, a appelé mardi l'UE à se concentrer davantage sur le respect des droits de l'homme des migrants et à développer le partenariat sur les migrations et la mobilité, actuellement en négociation avec la Tunisie. "Une grande majorité des initiatives régionales de migration en provenance de l'UE continuent d'être axées sur le contrôle aux frontières et ne prennent pas en considération d'importantes questions telles que la mise en place de voies de migration régulières", a déclaré M. Crépeau au terme de sa première visite à Tunisie, dans le cadre de son étude d'un an sur la gestion des migrations aux frontières extérieures de l'UE. "J'encourage les autorités européennes à élaborer une politique plus équilibrée concernant la coopération migratoire avec la Tunisie, qui va au-delà des questions de sécurité, pour développer de nouvelles initiatives, en consultation et en partenariat réel avec les autorités tunisiennes, en vue de placer au cœur de leurs initiatives le respect, la protection et la promotion de la droits de l'homme des migrants", a-t-il souligné. Le Rapporteur spécial a exhorté les pays de l'UE à prendre toutes les mesures nécessaires pour secourir les migrants en détresse dans la Méditerranée, y compris le sauvetage des navires et à prendre en charge les personnes à bord pour les emmener jusqu'à un port sûr de débarquement. Il a également attiré l'attention sur la situation des migrants en Tunisie, exprimant sa crainte que le franchissement irrégulier des frontières demeure une infraction pénale dans le pays, en violation des principes fondamentaux des droits de l'homme. L'expert des droits humains a également noté qu'il n'existe pas de procédure adéquate de détermination du statut de réfugié en Tunisie : "La mise en place d'une procédure claire de détermination de l'asile permettrait de protéger les droits de ces personnes vulnérables, et sans doute de faciliter une identification plus précoce de certaines catégories de migrants traversant la frontière en Tunisie et qui sont à même de se voir reconnaître la protection due aux réfugiés". Durant sa mission de six jours, le Rapporteur spécial s'est rendu à Tunis, dans le port de Zarzis, au poste de frontière avec la Libye à Ras Djedir, dans des lieux de détention de migrants, y compris des prisons et des centres d'accueil, et dans le camp de réfugiés de Choucha.