Le Pacte européen sur l'immigration et l'asile, un chantage «contre la signature d'accords de réadmission des migrants». «Les conséquences des politiques migratoires européennes à la frontière Mali-Mauritanie», une enquête, rendue publique jeudi, menée par une ONG, condamne les pratiques annoncées par le Pacte européen sur l'immigration et l'asile, adopté en 2008 à l'initiative de la France. Selon ce rapport, cette politique fabrique dans le Sahel des «migrants». en raison de l'activité des groupes terroristes dans cette zone en voie de militarisation. Dans le but de contenir la prolifération de ressortissants sahéliens, estimée comme dangereuse à la paix et à la sécurité en Europe. Cette politique européenne de migration rend «l'UE responsable de graves violations des droits fondamentaux des migrants, notamment dans les zones frontières désertiques inaccessibles aux regards de la société civile», juge la Cimade. L'enquête réalisée par la Cimade, avec des partenaires en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Sénégal, s'attache à décrire les mécanismes d'application locale de la politique européenne d'immigration et ses conséquences. «C'est désormais, au nom de la «synergie entre le développement et les migrations», que les pays d'où viennent et par où passent les migrants en route vers l'Union européenne sont placés en position de «douaniers», tenus de protéger à distance les frontières européennes en échange de contreparties financières dans le cadre de l'aide au développement, dénonce l'ONG. En sous-traitant les contrôles migratoires à des pays «qui n'ont pas les moyens de le faire dans le respect des droits humains», l'UE est accusée d'avoir «imposé sa loi» dans certains pays de l'ouest-africain qui ont adopté une «législation anti-immigrés calquée sur les normes européennes». Les reconduites aux frontières terrestres sont effectuées en dehors de «tout cadre juridique», selon le rapport. «Transportés de frontière en frontière, éloignés le plus possible des portes de l'Europe, les refoulés sont souvent condamnés à l'errance, échouant dans des zones frontières souvent désertiques inaccessibles au regard de la société civile où rien n'est prévu pour les accueillir», déplorent les ONG dont le rapport rapporte de nombreux témoignages. «L'Europe veut faire de nous ses gendarmes!», dénonce Amadou M'bow, de l'Association mauritanienne des droits de l'homme. Depuis 2005, l'Union européenne multiplie les pressions sur les pays dits de départ et de transit pour qu'ils verrouillent leurs frontières, alors que 86% des migrations en Afrique de l'Ouest sont intrarégionales et n'ont pas pour but le départ pour l'Europe. Dans ce cadre, l'Union européenne met en place des politiques migratoires répressives, qui ont de graves conséquences sur les droits des migrants: criminalisés, réduits au statut de clandestins, ils sont arrêtés, détenus, et refoulés de frontière en frontière. Les réseaux traditionnels de mobilité et de solidarité sont menacés; des sociétés traditionnellement accueillantes deviennent méfiantes voire xénophobes.