Les organisateurs des 10e Rencontres cinématographiques de Bejaia, closes vendredi tard dans la soirée, se sont déclarés globalement satisfaits, alors que les avis du public étaient partagés, après une semaine de projections et de débats marqués par une programmation diversifiée et des échanges parfois très animés autour des films. "Puisque nous venons tout juste de terminer, je dirais que je suis globalement contant, le public a été sensible à la programmation " a déclaré à l'APS à chaud Samir Arjoum, directeur artistiques des Rencontres, ouvertes le 8 juin dernier. "Les chants de Mandrin ", le dernier film de l'Algérien Rabah Ameur- Zaïmèche, devait clore ce rendez-vous cinématographie qui boucle, cette année, dix ans d'existence. Pour cette date anniversaire, les organisateurs ont choisi d'ouvrir les rencontres avec un documentaire inédit, "La Chine est encore loin " de Malek Bensmaïl, un retour dans un village mythique, Ghessira, des Aurès, centré autour de la vie d'écoliers. Le documentaire a trouvé un écho très favorable auprès du public. Le débat suivant la projection a été l'occasion pour des spectateurs d'exprimer un avis "critique" sur le système éducatif algérien, tandis que d'autres ont salué l'hommage rendu à la beauté de la région des Aurès. "Certains films ont été très critiqués, d'autres appréciés, et c'est ce que "nous voulions avec cette programmation ", a confié Samir Arjoum. Autre succès de ces dixièmes Rencontres, "Le repenti " de Merzak Allouache, projeté également pour la première fois en Algérie et qui avait provoqué un débat animé qui s'est poursuivi jusque sur la place du 1er Novembre (ex place Gueydon), voisine de la cinémathèque où s'est déroulé l'ensemble des projections. D'autres films, en revanche, n'ont pas drainé grand monde, alors que certains ont dû être interrompus ou reportés en raison d'ennuis techniques, à l'exemple du court métrage français "Le ciel en bataille " de Rachid B à qui il manquait la "voix off " lors de la première projection et dont la projection a été remise au lendemain. Ces problèmes sont liés, en partie, à l'organisation pour la première fois des Rencontres à la cinémathèque de Bejaia, un espace longtemps fermé pour travaux et qui n'a rouvert qu'en septembre 2011, rappellent les responsables des Rencontres. "Il reste encore certains aspects qu'il faut régler du point de vue technique, c'est normal, nous venons juste de récupérer la cinémathèque", justifie le directeur artistique Côté court métrage, de jeunes réalisatrices algériennes, issues des ateliers de l'association "Cinéma et mémoire ", se sont illustrées par des £uvres aux thèmes inédits, à l'exemple de Drifa Mezenner avec "J'ai habité l'absence deux fois ", et Sonia Ahnou avec "Uzzu ". Drifa Mzenner retrace l'évolution de la vie dans son quartier de Kouba (Alger), sur les dix dernières années avec en toile de fond l'absence de son frère, immigré clandestinement en Angleterre. "Uzzu " de Sonia Ahnou donne la parole à des étudiants de l'université de Tizi- Ouzou pour parler d'amour ou plutôt de la difficulté de parler d'amour et des tabous sociaux qui entourent ce sujet. Djamil Belloucif, algérien lui aussi, a marqué les esprits avec son "walk-movie", "Bir d'eau ", une déambulation dans une rue algéroise où la frontière entre réalité et fiction est mise à mal. L'histoire était aussi au rendez-vous pour ce dixième anniversaire avec la projection pour la première fois en Algérie d'Octobre à Paris de Jacques Panigel, un témoignage sur la massacre du 17 d'octobre 19 61, interdit en salle en France pendant 50ans. Plus récents, les évènements qui ont secoué la Tunisie en 2011 ont était évoqués par deux projections, la première de Farah Khadar, titrée "vibration" revient sur les moments les plus marquant des manifestations populaires en Tunisie par des clichés pris sur le vif. Plus sceptique, Mehdi Hmili qui a présenté "La nuit de Badr ", un court métrage de fiction mettant en scène le retour en Tunisie d'un poète exilé en France et sa "lucidité et sa déception " face à ce que vit ce pays. Les Rencontres cinématographiques de Bejaia ont donné également l'opportunité aux jeunes scénaristes de se former et se perfectionner dans des ateliers" de réécriture de scénario animés par des professionnels du cinéma. Rencontré en marge de la cérémonie de clôture, le tunisien Tahar Chikhaoui, de l'équipe de formateurs des ateliers, a relevé l'organisation, mieux maîtrisée à cette édition, des sessions de formation, tenues parallèlement aux Rencontres à la bibliothèque municipale dans la casbah de Bejaia. "Nous avons fait un bond en avant cette année en passant de 4 à 12 stagiaires, ce qui nous a permis de travailler en petits groupes et d'organiser des entretiens individuels ", s'est-il félicité.