Le public en "or" que le théâtre régional de Batna a "acquis" depuis sa réouverture après sa réhabilitation en 2008, ne laisse pas indifférent les artistes qui s'y produisent. Les comédiens évoluant sur scène à l'occasion des "Nuits théâtrales auressiennes", ouvertes récemment à Batna, se disent sensibles à la passion de ce public pour les planches, autant qu'à sa réceptivité. En dépit du "conservatisme" dont la région des Aurès est taxée, à tort ou à raison, le théâtre régional, devenu une citadelle artistique, a réussi en un laps de temps réduit à capter un public nombreux qui n'est pas composé uniquement de "connaisseurs" du 4ème art, mais aussi de familles et de jeunes, de plus en plus nombreux à assister aux spectacles. Le prix spécial du public, un gage d'affection L'histoire d'amour déclarée entre le théâtre de Batna et le public a d'ailleurs donné lieu à l'instauration, en 2010 à l'occasion des journées théâtrales maghrébines, d'un prix "spécial public", une première à l'échelle nationale. Ce "gage d'affection" manifesté à l'égard des fidèles des planches qui participent activement au dynamisme de la culturelle dans les Aurès constitue désormais une passerelle entre le public et les artistes, estime le directeur du théâtre de Batna, Mohamed Yahiaoui. Le prix du public, attribué pour la première fois en 2010 à Rachid Abdelaziz de la ville d'El Madher, sera décerné durant les prochaines éditions des journées maghrébines du théâtre en guise de reconnaissance et d'encouragement aux spectateurs parmi les plus assidus, souligne le même responsable. La présence massive du public batnéen aux différents spectacles théâtraux organisés dans le cadre du festival culturel national du théâtre amazigh et des journées théâtrales maghrébines, notamment, n'a pas manqué, en tous cas, d'étonner, parfois, les invités de la capitale des Aurès, parmi lesquels des étrangers. Une interactivité unanimement saluée De nombreux visiteurs de la ville de Batna, invités dans le cadre des différentes activités théâtrales n'ont pas caché, en effet, leur admiration devant cette belle interactivité, à une époque où "le développement des technologies de la communication, notamment l'Internet, ont contribué à vider des salles de théâtre dans nombre de pays", avait recueilli l'APS auprès du Pr. Amine Haman, réalisateur libyen ayant participé à l'une des représentations théâtrales organisées à Batna. Le Pr. Mouiz Hamza, directeur du Centre national des arts dramatiques et de la scène d'El Kef (Tunisie) avait indiqué, quant à lui, à la clôture de la deuxième édition des journées théâtrales maghrébines, que le public de Batna est "en passe de développer, grâce à son intérêt pour le jeu des acteurs et son assiduité aux spectacles, une véritable culture de critique positive, en mesure de booster davantage la dynamique théâtrale perceptible en Algérie". Les réalisateurs algériens Aïssa Boulefraâ et Fouzia Ait El Hadj, liés, eux aussi, au public de Batna par un lien affectif, ont également eu à exprimer leur admiration devant ce public qui fait la une à chaque rendez-vous théâtral. Fidèles parmi les fidèles, malgré leurà cécité Les "Nuits théâtrales auressiennes", organisées depuis le 20 juin dernier à Batna n'ont pas dérogé à cette règle de fidélité en phase de devenir une tradition bien ancrée dans la société batnéenne, a-t-on constaté. L'une des plus belles images prouvant la qualité du public de théâtre, dans la capitale des Aurès, est sans conteste la présence assidue aux différents spectacles des jumeaux, aveugles de naissance, Hassan et Hussein. Caressant le rêve de devenir eux-mêmes des "acteurs célèbres", ces deux personnages, attachants au demeurant, toujours installés aux premières loges, affirment que le simple fait de "sentir l'atmosphère du théâtre et d'écouter les évolutions des artistes sur scène, suffit amplement à (leur) bonheur". Le théâtre régional de Batna a accueilli durant l'année dernière plus de 196.500 spectateurs qui ont assisté à 400 pièces théâtrales.