La politique du développement économique, menée par les pouvoirs publics depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962 et dont l'objectif principal est l'amélioration des conditions socioéconomiques de la population, a certes réalisé des progrès palpables, mais des défis restent à relever, s'accordent à dire responsables et experts. Les programmes de développement menés depuis 50 ans, ont permis à l'Algérie de faire un pas considérable en matière de développement socioéconomique. Si elle a réussi à atteindre des objectifs grâce à la bonne tenue des prix du pétrole, à la dépense publique et à la baisse tendancielle de l'augmentation naturelle de la population, il reste beaucoup à faire notamment dans l'Algérie profonde. Un PIB par habitant des plus élevés dans les pays de la région Le premier indicateur de ce développement est incontestablement l'évolution du PIB qui est passé de 2,97 milliards de dollars (usd) en 1966 à 162 milliards usd en 2010, soit un PIB par habitant qui est passé de 252 usd à plus de 4.500 usd en 2010, un des plus élevés dans les pays de la région, selon des statistiques officielles. Avec des transferts sociaux dépassant un dixième de son PIB à 1.200 milliards de DA (15 milliards usd) en 2011, un taux de pauvreté à moins de 5% de sa population et un taux de chômage de 10%, l'Algérie, confortée par un baril de pétrole bien coté, semble en mesure d'atteindre la majorité des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), avant même la date butoir de 2015, estiment des experts. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a classé en 2010 l'Algérie parmi les pays à "développement humain élevé". En effet, l'indicateur du développement humain (IDH) de l'Algérie a été évalué à 0,6777 en 2010, sachant que le meilleur au monde est celui de la Norvège avec un indice de 0,938. La note parfaite étant 1. Ainsi l'IDH de l'Algérie est supérieur à l'indicateur moyen de l'ensemble des pays arabes qui est de 0,590, ainsi que l'IDH moyen mondial évalué à 0,624, classant l'Algérie à la 84e place sur 169 pays. Elle a avancé de 20 places par rapport à son classement de 2009. Par ailleurs, l'Algérie se situe à la 9ème place mondiale des pays ayant accompli les progrès les "plus rapides" du développement humain sur la période 1970-2010, selon le même organisme onusien. En outre, l'Algérie se situe à la 5ème place mondiale ayant accompli les progrès les "plus rapides" du développement humain, en termes d'IDH non monétaires, c'est dire hors PIB. Les OMD à portée de main avant terme D'autres résultats réconfortants ont été aussi enregistrés, à travers un taux d'électrification de 98% actuellement, contre 30,6 en 1966, un taux de raccordement au naturel de 46% contre 10,4% et à l'eau potable de 95% contre 37% et aux réseaux d'assainissement de 85% contre seulement 23,1%. Ces taux sont qualifiés d'importants et sont pratiquement similaires ou supérieurs à ceux réalisés dans les pays développés, en particulier le taux d'électrification qui s'inscrit, en proportion, très probablement au premier rang mondial. L'effort en matière de santé publique et d'éducation s'est en outre traduit par une espérance de vie qui a augmenté à 76,3 ans en 2010, et un taux de scolarisation des enfants de moins de 15 ans de 97%. Si les résultats de ces indicateurs restent "réconfortants" globalement, d'autres affichent des carences tels que le logement et l'emploi durable. A ce sujet, les statistiques montrent que le taux d'occupation par logement (TOL) est passé de 6 personnes par logement en 1966 à 7 personnes au début des années 2000 pour atteindre 5 personnes actuellement, un taux, qualifié de "correct" puisqu'il est proche de celui de certains pays de l'OCDE. La question de l'emploi durable reste également une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, notamment avec la nette progression de la population ces dernières années, malgré les différentes mesures prises. En effet, la population de l'Algérie est passée de 11,8 millions d'habitants en 1966 à 37,1 millions au 1er janvier 2012. Le nouveau contexte global est caractérisé à la fois par l'amélioration de la situation sécuritaire, le retour de la croissance économique et des perspectives favorables à sa consolidation notamment avec l'ambitieux plan quinquennal 2010-2014, qui mise sur la modernisation des infrastructures de base, l'amélioration de l'emploi, du logement, et des conditions sociales de la population. Ce programme, doté d'une enveloppe budgétaire de 286 milliards de dollars, consacre 40% de ce montant au développement humain (emploi, éducation, santé, habitat...). Ce contexte favorable demeure cependant bridé par de nombreuses contraintes liées essentiellement à la dépendance, accentuée, des hydrocarbures, à l'efficacité économique, au management qui souffre d'importantes insuffisances, à l'économie informelle, aux disparités régionales et entre catégories de population qui s'élargissent, et enfin à la demande sociale qui reste vive, selon le CNES. Ce sont là autant de défis à relever, dans le cadre des futurs programmes, s'accordent à dire les experts du Conseil national économique et social (CNES) dans un récent rapport sur l'état économique et social de la nation. "L'Algérie doit réaliser la transformation des gains de productivité économique, en gains de productivité physique et veiller à ce que ces gains puissent profiter équitablement au plus grand nombre possible de personnes", préconisent-ils. Ils insistent également sur "l'accélération des réformes structurelles afin de raffermir une croissance économique nécessaire à l'amélioration du développement durable, du niveau et de la qualité de l'emploi", appelant, par ailleurs, à la modernisation de l'administration, qui continuera de jouer un rôle important dans la régulation, en particulier au niveau local. Afin de réussir un développement durable, les experts insistent sur la poursuite du processus des réformes selon une approche multisectorielle qui catalyse les énergies et fédère les synergies, dans une perspective dynamique de progrès et de promotion des mécanismes de transparence, de suivi et d'évaluation à tous les niveaux. Par Ikhlef Salima