La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a augmenté la pression sur les autorités de transition au Mali les sommant de former, d'ici fin juillet, un "gouvernement d'union nationale", apte à affronter la crise dans le nord du pays. A l'issue de leur réunion samedi à Ouagadougou avec des représentants des "forces vives" maliennes, les chefs d'Etat du "groupe de contact" de la Cédéao ont exigé du Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra, un cabinet d'union "le 31 juillet au plus tard", sans quoi le gouvernement ne sera plus reconnu et le pays sera suspendu des instances régionales. "A partir du 31 juillet, si le gouvernement d'union nationale n'est pas mis en place conformément aux décisions prises samedi par le ‘'groupe de contact'' sur le Mali, la Cédéao ne reconnaîtra plus le gouvernement du Mali et le pays sera suspendu de toutes les organisations sous-régionales", a indiqué une source proche du sommet. Aux yeux de la Cédéao, un gouvernement plus large que l'actuel cabinet de transition de Diarra est indispensable pour enfin affronter la crise dans le nord du pays, tenu depuis plus de trois mois par des groupes armés, surtout "extrémistes". "Ce que les chefs d'Etat reprochent à Diarra, c'est de ne pas avoir respecté les dispositions de l'accord-cadre" conclu le 6 avril entre la Cédéao et les putschistes du 22 mars à Bamako, prévoyant "un gouvernement d'union nationale de transition composé de personnalités consensuelles", selon une source proche de la médiation burkinabé. Au cours des derniers sommets régionaux, les dirigeants ouest-africains "ont demandé à Diarra d'ouvrir le gouvernement, mais jusque-là ce n'est pas fait", a souligné cette même source. Pour le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, "les partis politiques, la société civile et les différents mouvements armés (occupant le nord du pays) ne se reconnaissent pas dans le gouvernement actuel". Outre la formation d'un gouvernement d'union, le sommet de Ouagadougou a "exhorté" le président intérimaire Dioncounda Traoré, qui se trouve depuis fin mai à Paris pour des soins après une violente agression, à demander "sans délai" à la Cédéao et l'ONU l'envoi d'une force africaine au Mali pour aider à reconquérir la région, où la situation humanitaire s'"aggrave chaque jour". Une telle force, à laquelle le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pas encore donné de mandat en l'absence de plan clair, aurait une première mission : protéger les institutions à Bamako et au premier chef Dioncounda Traoré, dont la Cédéao souhaite assurer le retour au plus vite. "C'est le personnage-clé de la transition", insiste un ministre de la région. D'après une source proche du sommet de l'organisation ouest-africaine, le ministre burkinabé des Affaires étrangères et le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Ally Coulibaly, vont se rendre prochainement à Paris "pour porter les conclusions (du sommet) et les différentes décisions au président malien par intérim". Dans la foulée du coup de force du 22 mars dernier à Bamako, l'immense région désertique du Nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) et de plusieurs mouvements islamistes armés, dont Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La crise dans le Nord malien s'est ensuite exacerbée après que des islamistes du groupe +Ansar Dine+ eurent détruit des lieux saints musulmans à Tombouctou (nord-ouest) provoquant un tollé international. Entre le 30 juin et le 2 juillet, Ansar Dine a détruit sept des seize mausolées de saints musulmans vénérés et une porte inviolable d'une des trois mosquées historiques de Tombouctou, ville mythique, qui étaient classés par l'Unesco sur la liste du patrimoine historique en péril.