Un récital de poésie a été donné mercredi à Alger pour clôturer les rencontres "Esprit Frantz Fanon" qui ont regroupé depuis le 1er juillet des universitaires et des écrivains autour de l'œuvre du psychiatre et militant de la cause algérienne. Les participants, réunis à la résidence d'artistes Villa Dar-Abdellatif, ont déclamé leurs poèmes ainsi que d'autres textes de poètes célèbres à l'instar de Kateb Yacine ou de Léopold Sédar Senghor accompagnés d'un orchestre de Chaâbi composé de jeunes musiciens du quartier de Bologhine. Alternant morceaux Chaâbi et lectures poétiques, le récital a été l'occasion de rendre hommage à Fanon mais aussi à d'autres figures à l'exemple de l'écrivain et poète algérien Hamid Skif disparu en 2011 ou encore de Mouloud Feraoun, mort comme Frantz Fanon, juste avant l'indépendance de l'Algérie. L'écrivain togolais Sami Tchak a lu des passages de "Peaux noires, masque blanc", l'œuvre la "plus littéraire" de Fanon, a-t-il estimé, dans laquelle le psychiatre a convoqué des poètes comme Aimé Césaire pour construire sa réflexion autour du racisme. Le poète irakien Fawzi Karim est revenu, quant à lui, sur la destruction de la ville de Baghdad durant la deuxième guerre du Golfe en 2003, en écho aux mises en garde de Frantz Fanon concernant le retour du colonialisme sous de nouvelles formes et sur lesquelles l'ensemble des participants ont insisté depuis le début des rencontres "Esprit Frantz Fanon". Organisées du 1er au 10 juillet par les éditions APIC, les rencontres "Esprit Frantz Fanon" se sont déclinées en un colloque et des activités littéraires. Le colloque qui a réuni du 02 au 04 juillet des universitaires d'Afrique et d'Asie a été l'occasion de relire Fanon à la lumière de la crise financière mondiale et ses conséquences sur les couches sociales les plus démunies ainsi que sur les révoltes dans le monde arabe, convoquant l'apport de la pensée de Fanon pour répondre aux défis d'un monde globalisé où l'oppression perdure. Des intellectuels de renom ont pris part à ce colloque, à l'instar de l'économiste égyptien Samir Amin ou de la fille de l'auteur des "Damnés de la terre" Mireille Fanon Mendès-France. Des romanciers ont animé du 07 au 08 juillet des rencontres littéraires autour de phrases célèbres de Fanon à l'exemple de "Il ne suffit pas de rejoindre le peuple dans ce passé dans lequel il n'est plus", extrait des "Damnés de la terre". Né en 1925 en Martinique, Frantz Fanon avait été nommé médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Blida, avant d'entrer en clandestinité pour rejoindre, en 1957, les rangs du Front de libération nationale (FLN) et s'engager pour l'indépendance de l'Algérie. Frantz Fanon a été emporté par une leucémie en 1961 dans un hôpital américain.