Aucune solution à la crise syrienne ne se profile à l'horizon en raison de la persistance des désaccords à l'ONU après le rejet jeudi par la Russie, alliée de longue date de Damas, d'un projet de résolution occidental sur la Syrie. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité onusien ont commencé à discuter jeudi d'un projet de résolution déposé mercredi par les Occidentaux visant à faire pression sur Damas qualifié d'"inacceptable par Moscou, opposé" à l'idée de sanctions contre son allié syrien", selon des diplomates. "Pris dans son ensemble, leur projet n'est pas équilibré, il ne prévoit des obligations que pour le gouvernement syrien et il n'y est pratiquement rien dit des obligations de l'opposition", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse Interfax. "C'est pourquoi nous considérons que ce projet n'est pas conforme à l'esprit et à la lettre du communiqué de Genève (du 30 juin), ni au contenu du plan de paix de (l'émissaire international) Kofi Annan, et il est pour nous inacceptable", a-t-il poursuivi. Mais si les Occidentaux décident de présenter ce texte "tout en sachant que pour nous son contenu est inacceptable, nous ne permettrons pas son adoption", a prévenu M. Gatilov dont le pays dispose en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU d'un droit de veto. Dans leur texte, Européens et Américains donnent dix jours à Damas pour "retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques". Ce projet de résolution a été préparé par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Il fait référence à l'article 41 de la Charte de l'ONU, qui prévoit des sanctions diplomatiques et économiques, tel un embargo, pour faire plier un pays récalcitrant, mais pas une intervention militaire. La résolution prolonge aussi pour 45 jours la Mission des observateurs de l'ONU (Misnus). La Russie avait proposé de son côté mardi une résolution rivale qui renouvelle aussi ce mandat mais n'évoque pas de sanctions. Les 15 membres du Conseil de sécurité ont en principe jusqu'au 20 juillet, date de l'expiration du mandat de la Misnus, pour s'entendre sur une nouvelle résolution sur la Syrie. Les deux projets de résolution doivent être discutés jeudi après-midi par l'ensemble des ambassadeurs des 15 pays du Conseil. En parallèle, l'émissaire international sur la Syrie Kofi Annan a appelé jeudi la communauté internationale à poursuivre ses efforts en vue de mettre fin aux violences qui font rage dans le pays depuis le 15 mars 2011, date du déclenchement du mouvement de contestation du pouvoir en place. Dans son rapport sur sa mission en Syrie exposé mercredi soir devant le Conseil de sécurité de l'ONU, M. Annan a insisté sur "l'importance de l'application" de son plan axé sur les six points visant essentiellement à mettre fin aux violences en Syrie. Il a ainsi souligné la nécessité pour la communauté internationale de continuer à travailler afin d'en finir avec la crise ajoutant s'être mis d'accord lundi dernier à Damas avec le président Bachar Al-Assad sur la prise de décisions urgentes dans les régions les plus touchées par les violences pour appliquer les six points contenus dans le plan de paix de l'ONU. Il a demandé au Conseil de sécurité "de clarifier au gouvernement syrien que toute non application de (son) plan de paix pourrait avoir de lourdes conséquences". Le plan Annan insiste sur la fin des violences en Syrie, l'accès des ONG humanitaires dans les zones affectées par la crise, la libération des détenus ainsi que sur un dialogue politique national. Sur le terrain, les violences ne connaissent pas de répit : au moins 38 personnes ont été tuées à travers la Syrie durant la journée de jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La veille, au moins 52 morts ont été enregistrés à travers le pays au lendemain d'une série de violences ayant fait 82 tués, d'après cette ONG. Par ailleurs, le gouvernement syrien a annoncé jeudi avoir "limogé" le premier ambassadeur en poste à avoir fait défection. Un communiqué du ministère syrien des Affaires Etrangères a annoncé que "Nawaf Farès est démis de ses fonctions et n'a plus aucune relation avec notre ambassade à Baghdad, ni avec le ministère". En outre, les autorités syriennes ont menacé de le traduire en justice pour ses propos. "Nawaf Farès a fait hier (mercredi) des déclarations aux médias en contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et la cause de son pays. Il doit pour cela être poursuivi par la justice et être traduit devant le conseil disciplinaire", ajoute le communiqué. M. Farès avait appelé mercredi l'armée à "rejoindre immédiatement les rangs de la révolution", après avoir fait défection, dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision du Qatar Al Jazeera.