Le président malgache de transition Andry Rajoelina doit rencontrer mercredi aux Seychelles l'ex-président renversé Marc Ravalomanana pour des pourparlers en vue de mettre fin à la crise politique qui dure depuis plus de trois ans à Madagascar. L'entretien se tiendra à huis-clos sur une île isolée de l'archipel des Seychelles, celle de Desroches, et sera chapeauté par la Communauté de développement des Etats d'Afrique australe (SADC). Le président sud-africain, Jacob Zuma, doit aussi prendre part à la réunion. "Nous espérons obtenir un accord. Cela pourrait durer jusqu'au lendemain matin", avait indiqué une source proche du dossier à Antananarivo, la capitale malgache. Andry Rajoelina avait affirmé avant son départ pour les Seychelles qu'il s'était "déjà préparé moralement, physiquement et spirituellement depuis bien longtemps", ajoutant avoir "demandé aux médiateurs à ce que la rencontre proprement dite se fasse en tête à tête, sans avocat ni autres conseillers". "Nous devons être capables de défendre nos idées nous-mêmes, étant déjà responsables et dirigeants. La SADC a ainsi décidé de limiter le nombre de la délégation", avait-il révélé. MM. Rajoelina et Ravalomanana s'étaient déjà rencontrés à plusieurs reprises depuis la prise de pouvoir en 2009 par Rajoelina, ancien maire d'Antananarivo mais cette réunion a un cachet particulier, elle se déroule en tête-à-tête et sans la présence de la presse. Les deux rivaux ont signé plusieurs accords à Maputo et Addis-Abeba en 2009 puis tenté de nouvelles négociations à Pretoria en 2010 et Gaborone en 2011, sans parvenir à trouver une véritable issue à la crise. En septembre 2011, ils ont signé une "Feuille de route" devant préparer la sortie de crise, rédigée sous l'égide de la SADC, mais sa mise en œuvre reste chaotique. Selon des médias, il y aura sans doute au centre des discussions, le retour d'exil de l'ancien président et ses condamnations en justice, ainsi que les prochaines élections législatives et présidentielle, dont le calendrier doit être annoncé dans dix jours. Ces scrutins doivent permettre de sortir Madagascar de la crise déclenchée par le renversement de Marc Ravalomanana début 2009 par le jeune opposant, alors maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina soutenu par l'armée. Il reste que le retour de Ravalomanana, prévu dans la feuille de route, et sa participation à l'élection présidentielle sont parmi les obstacles empêchant le règlement de la crise malgche, selon des analystes. L'ancien président s'est établi en Afrique du Sud depuis 2009 date de son renversement. La rencontre de mercredi entre Rajoelina et Ravalomanana intervient deux jours à la suite d'une mutinerie qui a éclaté dans une base militaire près de l'aéroport d'Antananarivo et qui a fait trois morts et quatre blessés. Le gouvernement de transition malgache formé 2011 est de plus en plus confronté à des difficultés, faisant face à un climat social instable, les autorités doivent régulièrement composer avec des grèves et des manifestations. La Communauté de l'Afrique australe (SADC) a mis la pression sur les deux protagonistes de la crise malgache, Ravalomanana et Rajoélina pour qu'ils parviennent à un "accord final" de sortie de crise d'ici le 31 juillet, sous peine de désavouer le responsable d'un éventuel échec qui serait de fait isolé du processus de sortie de crise. L'organe de coopération de la SADC, la Troïka, a ordonné dans un communiqué publié lundi aux parties prenantes à la rencontre aux Seychelles de "s'abstenir de faire des déclarations publiques". La Troïka a insisté que si les deux parties n'arriveraient pas à conclure un accord final pour assurer de la mise en œuvre de la feuille de route jusqu'au 31 juillet 2012, le responsable de cet échec sera désavoué par la communauté internationale. Il est à signaler que le calendrier des prochaines élections malgaches doit se référer aux rapports des experts des Nations Unies en mission à Madagascar, entrant dans le cadre de l'évaluation des besoins électoraux malgaches (ou Needs Assesment Mission(NAM). Pour aider l'île à organiser les élections, l'Union européenne (UE) a octroyé début juillet 17 millions d'euros.