L'armée malgache est unie derrière Andry Rajoelina, le nouveau «président de l'Autorité de transition» du pays, a assuré avant-hier son chef d'état-major, s'efforçant de mettre fin aux rumeurs de divisions au sein de la troupe.«Ce n'est pas vrai que certains régiments sont hostiles au régime actuel. L'armée est unie derrière moi et reste sous mon commandement», a déclaré à la presse le colonel André Ndriarijaona, qui a aidé le jeune maire d'Antananarivo à évincer la semaine dernière le président élu Marc Ravalomanana. Ce dernier, dont on était depuis sans nouvelles, se trouve actuellement au Swaziland, où se tiendra lundi un sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) qui pourrait décréter des sanctions contre le nouveau régime en place à Antananarivo. Ravalomanana a eu des entretiens avec le roi Mswati II du Swaziland, qui préside une «troïka» de la SADC, a déclaré le ministère swazi des Affaires étrangères. «Cette visite a permis d'éclairer le président de la troïka de la SADC sur la situation dans la Grande Ile.» Prié de dire si le chef de l'Etat déposé demandait l'exil au Swaziland, le porte-parole swazi a répondu : «Cette question n'a pas été abordée.» Andry Rajoelina, qui n'est âgé que de 34 ans, organisait depuis le début de l'année des manifestations quasi quotidiennes sur la place du 13-Mai de la capitale afin d'obtenir le départ du «dictateur» Ravalomanana, après sept ans de pouvoir. Celui-ci a fini par céder à la pression de la rue le 17 mars en remettant le pouvoir à l'armée, qui l'a aussitôt remis à Rajoelina. Celui-ci a été officiellement investi dimanche en l'absence du corps diplomatique étranger et a dissous les deux chambres du Parlement. «L'armée n'est pas là pour prendre le pouvoir mais pour rétablir l'ordre», a affirmé le colonel Ndriarijaona, en se référant aux manifestations qui ont fait plus de 135 morts dans la Grande Île depuis janvier. Selon les analystes, la position de l'ancien maire de la capitale est extrêmement précaire du fait des divisions au sein de l'armée et de la population ainsi que du boycottage par la communauté internationale, notamment l'Union africaine, d'un régime installé par des moyens non orthodoxes.Pour la seconde journée consécutive, des milliers de partisans de Ravalomana ont manifesté avant-hier dans le centre de la capitale pour dénoncer un changement de pouvoir non conforme à la constitution. Celle-ci prévoit que le président de la Chambre haute assume tout éventuel intérim et stipule que le président doit être âgé d'au moins 40 ans. «Nous voulons que toutes les institutions démocratiques de Madagascar soient rétablies, du président au Parlement. Alors, on choisira entre Ravalomanana et celui dont je ne veux pas prononcer le nom», a déclaré Raharinaivo Andrianantoandro, porte-parole du parti du président déchu. Ancien disc-jockey, Rajoelina, qui n'a pratiquement aucune expérience politique à l'exception de deux années de mandat à la tête de la municipalité d'Antananarivo, a promis des élections d'ici deux ans, un délai jugé excessif par l'Union européenne qui a dénoncé un coup d'Etat.