La troisième journée du festival du théâtre amateur de Mostaganem a été marquée par la présentation mardi des pièces théâtrales, "Takna" (la rivale) et "Fadjr Ibliss", deux tragédies concourant pour le grand prix du festival. Les troupes "Imenyaen" de Tizi Ouzou et "Errisala al Fanya" de Sidi Bel-Abbas ont interprété à la maison de la culture Ould Abderahmane Kaki des œuvres aux thématiques sombres où histoires d'amour et morts violentes ont été mises au premier plan. Ecrite et mise en scène par Mkrab Lyes, "Takna" est une pièce en langue tamazight relatant l'histoire de Ghenima, une femme devenue folle après l'assassinat de son mari journaliste. Une pièce centrée sur le délire de la veuve et l'incapacité de sa famille à lui faire rendre raison, servie par un texte lyrique usant d'un vocabulaire ancien et proverbial rendant parfois assez difficile sa compréhension pour le public non averti. Le titre de la pièce évoque la "rivale" de Ghenima, Nedjma, en référence à l'œuvre de Kateb Yacine et à l'identification de ce personnage avec l'Algérie pour l'amour de laquelle Achour, le mari, a été assassiné. La mise en scène alterne quant à elle entre moments réels évoquant les tentatives de la famille de soigner Ghenima et tableaux symboliques représentant l'espace de la folie où l'héroïne croit retrouver son défunt mari. La troupe "Imenyaen" participe pour la cinquième fois au festival du théâtre amateur de Mostaganem où elle avait déjà obtenue des distinctions dont le troisième grand prix lors de la 38ème édition. "Fajdr Ibliss", deuxième pièce à être présentée lors de cette troisième journée, met en scène un couple, Fayed et Badrana, menacé d'être exécutés à l'aube par les membres de leur village à cause du soupçon d'adultère qui pèse sur la femme. Dans une atmosphère d'attente angoissée, les deux personnages tentent de trouver une échappatoire tout en s'accusant mutuellement de la situation dans un jeu d'amour/haine qui les mènera à la mort. Sur un texte de l'auteur palestinien Ghanem Ghennam, la mise en scène de Ben Salem Mohammed El Bachir se distingue par l'utilisation des "flash-back" (retour en arrière) une technique inspirée du cinéma, pour éclaircir certains éléments de l'histoire de ce couple. Outre ce procédé, le metteur en scène a privilégié l'expression corporelle pour aborder d'une manière subtile des thèmes comme le viol et le suicide tout en préservant la sensibilité du public. "Fadjr Ibliss" a été plusieurs fois primée, la dernière distinction datant d'avril 2012 au festival du théâtre de la jeunesse de la ville de Perm en Russie où l'actrice El Anes Amina a reçu le meilleur prix d'interprétation féminine. En marge des représentations, une conférence a été donnée par le journaliste et dramaturge Bouziane Ben Achour sur l'oeuvre et la vie de Kateb Yacine. L'acteur algérien Sid Ahmed Agoumi a interprété à cette occasion un morceau choisi d'une des pièces les plus célèbres de Kateb Yacine, "Le cadavre encerclé" ainsi que des poèmes de son premier recueil "soliloque" publié à l'âge de 16 ans.