Brahim Noual, commissaire du Festival Mercredi dernier, le TNA a présenté au public deux pièces, l'une au goût tragique et l'autre, celui d'une guimauve bien léchée. Parfois la société nous pousse à faire des choses que la morale réprouve. Le crime comme alternative pour laver le déshonneur, s´avère être la seule solution pour faire repentance et tourner la page. Mais est-ce cela qui va restituer notre dignité? Un mari sous le poids de la pression sociale va assassiner sa femme dont le tort a été de tomber enceinte après avoir été violée. Présentée dans la petite salle Hadj-Omar, en off donc, L´Aube d´Iblis -produite par la Compagnie association théâtre pour la jeunesse et l´enfant de Sidi Bel Abbès- met en scène deux personnages qui, le temps d´une nuit vont remettre en cause toute leur existence jusqu´à l´annihiler. Badrana, victime d´intolérance des gens du village et de l´esprit obtus de son mari qui le jour de son viol était pourtant chez sa maîtresse, se présente comme le symbole de cette justice sociale mise à mal par obscurantisme de l´autre. Pression intenable pour le mari qui, en pendant sa femme, croit sauver sa peau. Mais l´issue lui sera fatale à lui aussi. Si la scénographie est simple, le jeu de la comédienne se métamorphosant sous nos yeux, témoigne d´une maîtrise parfaite de lexpression scénique. Ses mouvements et contorsions du corps pour rendre compte de la souffrance de l´héroïne suggérant même sa séquence de viol, en est la parfaite illustration. La pièce a ému plus d´un. La preuve, elle a été fortement applaudie. Dans un registre plus humoristique est la pièce inscrite dans le cadre de la compétition et présentée dans la salle Mustapha-Kateb. La Tempête du théâtre régional de Annaba mise en scène par Ahmed Rezak est de prime abord longue. C´est la première impression qu´on a lorsqu´on quitte la salle, mercredi dernier. Et cela se ressent. Loufoque, cette pièce au décor recherché, comme ce lit qui se décline à la verticale pour bien suivre les comédiens est une bonne trouvaille. L´histoire est celle d´un maire de village qui, un soir d´hiver, reçoit un télégramme mais ne peut le lire. Il l´enverra au secrétaire général de la commune qui, une fois l´avoir lu, quitte en toute vitesse le village tandis que le comptable meurt d´ une crise cardiaque. Que faire pour pouvoir déchiffrer ce télégramme? Le directeur de la commune commence à délirer et confond même ses cauchemars nocturnes avec ce qui va suivre comme tracasseries. Le maire du village ira voir les femmes de ces deux fonctionnaires, en vue de connaître le numéro d´un dossier lui permettant d´avoir accès à plus d´informations. Peine perdue. Celles-ci tout comme sa femme, sont enceintes jusqu´au cou et n´ont que faire du bavardage du maire et ses doléances. S´ensuivent des jérémiades en tout genres et des scènes de cris et de gesticulations dans tous les sens pour bien faire marrer la galerie! Tout le monde s´agite et court, danse, saute et marche comme à l´armée en attendant la tempête! Celle-ci finit par arriver. Le voile du mur du TNA prend des allures de mer démontée. Belle image et pour une fois, jolie scénographie qui imprime une note de poésie à ce tourbillon humain bien agité. Chatoyante comme le sont les tenues vestimentaires de ces femmes, la pièce La Tempête donne le tournis, presque le mal de mer tellement ça bouge et ça braille. Elle avait pourtant bien commencé mais la longueur de certains de ses tableaux ont gâché le plaisir en faisant tomber les comédiens dans une sorte de plouf scénique des plus regrettables. Comme le titre de la pièce, le remue-ménage de ces comédiens n´ont provoqué en fait qu´une tempête dans un verre d´eau!