L'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est attendu samedi prochain à Damas où il doit s'entretenir avec le président syrien Bachar Al Assad des moyens de régler la crise, alors que la situation sur le terrain continuait dimanche de s'enliser au lendemain de la mort de 172 personnes. M. Brahimi ira à Damas pour rencontrer le président Al-Assad "dans une tentative d'accélérer les efforts diplomatiques en vue de trouver une solution à la crise syrienne", a indiqué le journal syrien "El Watan", citant une source bien informée. Selon le journal, cette source "a nié indirectement ce qui a été dit concernant l'élaboration par l'émissaire international d'un plan de transition sans le président Al-Assad". Lakhdar Brahimi avait affirmé samedi qu'il se rendrait "au temps opportun" à Damas, tout en ajoutant qu'il pouvait seulement insister sur la nécessité de mettre fin aux violences et le début d'un processus politique en Syrie. Il a notamment souligné qu'il était "impossible de faire face à la situation "complexe" dans ce pays "avec des idées prédéfinies", affirmant que le gouvernement doit reconnaître le "degrés de la souffrance du peuple syrien". L'émissaire international a mis en exergue à ce propos "la nécessité de parvenir à un processus politique qui permettra au peuple syrien de réaliser ses aspirations". Concernant les appels à une intervention militaire en Syrie, M. Brahimi a tenu à faire savoir qu'il était "tôt de parler de l'envoi d'une force arabe ou étrangère", expliquant qu'une intervention militaire signifie l'"échec du processus politique". Il a réitéré son appel aux différentes parties à mettre fin aux violences pour préserver la vie des civils. Mais l'idée un "processus politique" en Syrie ne semble pas facile à atteindre vu les divergences de tailles qui séparent le régime syrien et l'opposition qui réclame le départ du président Al-Assad. L'opposition refuse catégoriquement de dialoguer sans le départ de Bachar Al-Assad, une condition rejetée en bloc par le gouvernement syrien qui a estimé que ce qui se passe en Syrie entre dans le cadre d'un plan occidental visant un changement de régime. Lors de sa dernière visite à Téhéran, le ministre syrien de la Réconciliation nationale, a déclaré que l'idée de la démission du président Al-Assad, réclamée en particulier par des pays étrangers, "est de principe totalement refusée". D'après le ministre syrien, "l'ingérence dans les affaires syriennes est une violation de la souveraineté de la Syrie", et la solution à la crise passe par la fin de l'intervention étrangère et que l'opposition dépose ses armes. Le régime syrien avait appelé récemment l'opposition à des négociations, qui pourraient même inclure le départ d'Al-Assad, mais des opposants ont accusé Damas de vouloir gagner du temps. La Russie s'est également opposée aux appels à la démission du président syrien. Samedi, son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé que l'approche occidentale consistant à réclamer une intervention extérieure et à poser la démission d'Al-Assad comme condition préalable aux négociations est "irréaliste". "Nous n'avons pas de divergence sur ce qui devrait se passer en Syrie", a-t-il indiqué, "mais sur la façon de réaliser cet objectif, nous avons des désaccords assez sérieux", a-t-il toutefois précisé. Il a noté que certains collègues occidentaux et pays de la région appellent à une intervention étrangère, tandis que la Russie, la Chine ainsi que d'autres pays plaident en faveur d'un démarrage immédiat de négociations politiques impliquant toutes les parties syriennes. Selon M. Lavrov, considérer la démission du président Al-Assad comme une condition préalable à un règlement politique est irréaliste, car un cessez-le-feu unilatéral n'aboutirait pas à une véritable paix ou à des négociations. Le chef de la diplomatie russe a réitéré la position de la Russie, affirmant que Moscou "ne soutient aucun régime ni individu" dans la crise syrienne. La Chine, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi a également appelé à des négociations en Syrie. "Le dialogue politique est le seul moyen et la meilleure option pour résoudre la crise syrienne", avait déjà souligné M. Jiechi, ajoutant que "la communauté internationale doit s'en tenir au principe d'une solution politique à la crise". Sur le terrain, la situation continue de s'enliser en Syrie où 172 personnes ont été tuées samedi dans des violences, dont la plupart sont mortes à Damas, Idleb (nord-ouest) et Deir Ezzor. La capitale syrienne a été la veille le théâtre d'attentats. Une voiture piégée a explosé près d'une mosquée dans la région de Sbéné, un quartier populaire au sud de Damas, faisant une quinzaine de morts. Les combats entre les forces du régime et l'opposition armée se poursuivent toujours dimanche. Des médias citant un chef des rebelles ont rapporté que ces derniers ont pénétré dans la localité de Harem, dans la province d'Idleb, alors qu'un Damas un attentat à la bombe a fait des blessés dans le quartier d'Abou Remmaneh, près de bâtiments des services de sécurité. De son côté, l'armée régulière, appuyée par des hélicoptères, continue de bombarder Alep et Deir Ezzor.