Des moudjahidine, des enseignants et des historiens ont affirmé samedi à Alger que la réussite de la première rentrée scolaire en Algérie après l'indépendance, en octobre 1962 constituait "un miracle" et "un défi" contre le colonialisme français, soulignant le rôle important joué dans ce sens par le premier ministre de l'Education nationale à l'époque, Abderrahmane Benhmida. Lors d'une rencontre intitulée "La première rentrée scolaire après 132 ans d'occupation", organisée dans le cadre du Forum de la mémoire, les participants ont mis l'accent sur la situation critique que vivait l'Algérie après l'Indépendance, comme le manque "flagrant" de cadres capables d'assurer l'enseignement aux générations montantes ainsi que de structures d'enseignement. Avant de quitter l'Algérie, le colonisateur français a pris avec lui l'ensemble des cadres et compétences et a détruit toutes les structures d'intérêt général, ont-ils souligné. Cependant le peuple algérien, à sa tête des dirigeants patriotiques, a relevé ce défi, assignant la mission de ministre de l'Education nationale pour la première fois, au moudjahid Abderrahmane Benhmida qui a commencé par un recensement de tous les Algériens qui avaient un niveau intellectuel quel qu'il soit afin de "les former en vue d'en faire de futurs formateurs des générations montantes". A cet effet, le Directeur général des Archives nationales et ex enseignant Abdelmadjid Chikhi, a indiqué avoir été chargé en août 1962 "d'établir une liste de tous les Algériens ayant un niveau intellectuel et d'évaluer leur aptitude à enseigner". "Nous avions commencé ainsi", a-t-il dit. Il a ajouté que le recours aux ressources nationales pour l'enseignement des Algériens était l'idée du défunt Benhmida pour pallier le manque d'enseignants, précisant que ce dernier œuvrait à former les formateurs pour assurer l'efficacité et la continuité de l'école algérienne. Le taux d'analphabétisme qui ne dépassait pas 20 % en 1830 est passé à 80 % en 1962, en raison de la politique d'obscurantisme pratiquée par la France coloniale pour maintenir le peuple algérien dans l'ignorance, a rappelé M. Chikhi. Ainsi, en octobre 1962 il a été décidé d'inscrire tous les Algériens en âge de scolarisation à l'école algérienne pour mettre fin à l'analphabétisme, a-t-il ajouté. De son côté, le moudjahid et ancien cadre au ministère de l'Education, Ali Abderrahmani a salué le rôle politique, organisationnel et culturel de Abderrahmane Benhmida dans la relance de l'Ecole algérienne et la réussite de la première rentrée scolaire de l'Algérie indépendante. La compétence de feu Benhmida était connue de tous, rappelle M. Abderrahmani précisant que le défunt jouissait d'une capacité de persuasion avérée et savait tirer profit des compétences algériennes. Par ailleurs, M. Arbadji qui a fait la connaissance de Benhmida dans la prison de Serkadji où ils étaient tous les deux condamnés à mort, a indiqué que le premier ministre de l'Education de l'Algérie indépendante accomplissait sa mission même en prison lorsqu'il œuvrait à enseigner les autres prisonniers jusqu'à sa libération en avril 1962. Le moudjahid Laid Lachkar a indiqué, pour sa part, qu'après l'indépendance, l'Algérie ne disposait pas d'une administration ou de banques ou de suffisamment de cadres, mais en dépit de tout cela, le gouvernement algérien a su, en l'espace de six mois, construire un Etat fort de ses structures et de ses cadres grâce à la prise de conscience du peuple algérien. Le moudjahid et enseignant Boualem Cherifi a précisé que feu Benhmida avait jeté les bases de l'école algérienne indépendante rendant hommage aux qualités de cet homme hors pair. La conférence a été organisée par l'association Mechaal Echahid qui a honoré la famille du défunt.