Deux expertes internationales des droits de l'homme ont appelé les autorités tunisiennes à faire participer les militants de cette cause à la rédaction de la nouvelle constitution du pays, a indiqué lundi le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH). ''La Tunisie se trouve à un tournant de son histoire avec la rédaction de sa nouvelle constitution. Les militants des droits de l'homme doivent être autorisés à y participer'', ont déclaré Margaret Sekaggya, Rapporteuse spéciale de l'ONU sur les militants des droits de l'homme, et son homologue de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, Reine Alapini-Gansou, à l'issue d'une visite en Tunisie. Les deux expertes indépendantes se sont félicitées du choix par le gouvernement tunisien d'une approche consensuelle et participative du processus d'élaboration de la constitution mais ont relevé qu'il existait de sérieuses préoccupations quant à sa mise en £uvre. Selon elles, la situation des militants des droits de l'homme en Tunisie s'est améliorée par rapport à ce qu'elle était avant les bouleversements politiques connus par ce pays en 2011, ajoutant qu'en même temps, la situation en matière de sécurité ''est moins prévisible qu'auparavant''. ''Les militants des droits des femmes, les journalistes, les artistes, les universitaires, les syndicalistes et les employés des organisations non gouvernementales sont parmi les groupes qui ont été le plus souvent victimes d'attaques, de tentatives de meurtre, de harcèlement et de menaces depuis la Révolution, dans diverses régions du pays'', ont-elles observé. ''Des informations font état d'un manque de réactivité de la police dans ce genre de cas, ce qui est souligné par le fait que les citoyens ont apparemment très peu confiance en la police'', ont expliqué les deux expertes. En matière de liberté religieuse, les deux expertes ont souligné que certaines dispositions du projet de constitution préliminaire étaient source d'inquiétude. En outre, certains termes sur la complémentarité des rôles des femmes et des hommes ont suscité un vaste débat en Tunisie et la peur d'une régression dans le domaine des droits des femmes. Estimant que ces termes ''créent la confusion sur le statut des femmes dans la société'', les deux expertes ont recommandé que ''l'égalité des sexes soit explicitement affirmée dans le projet de constitution'' et que ''les références à la complémentarité en soient supprimées, afin de garder toute leur clarté aux droits humains des femmes''. Appelant également à préserver la liberté d'expression en Tunisie, les deux expertes ont mis en garde contre l'absence d'indépendance de la justice, jugeant que ''la justice n'est pas indépendante du gouvernement à l'heure actuelle et elle manque de légitimité auprès du peuple''.