Le deuxième débat pour la présidentielle américaine a été, mardi soir, le théâtre d'âpres échanges entre le président Barack Obama et son adversaire républicain Mitt Romney, donnant une poussée aux sondages favorables au président sortant. Contrairement à sa mauvaise performance lors du premier débat d'il y a deux semaines, le président sortant a repris du poil de la bête en resserrant, quelque peu, l'étau autour de son rival républicain. Selon un sondage publié par CNN à l'issue de cette confrontation retransmise en directe par plusieurs chaînes de télévision, Obama aura remporté le débat pour 46% des personnes interrogées contre 39% en faveur de Romney. A la différence du précédent débat où les questions étaient posées exclusivement par le journaliste modérateur, c'est le format "town hall" qui a été retenu où les questions sont formulées par des électeurs indécis qui n'ont encore opté pour aucun des deux candidats. L'attaque contre le consulat américain de Benghazi, l'emploi, l'énergie et l'immigration ont fait l'objet de passe d'armes entre le chef de la Maison-Blanche et l'ancien gouverneur du Massachusetts. A la question sur le refus du département d'Etat de renforcer la sécurité du consulat américain à Benghazi, un sujet qui a provoqué une tempête politique aux Etats-Unis, le président répondit : "de suggérer que j'ai, ou quelqu'un dans mon administration a, essayé de jouer à un jeu de politique alors que je suis responsable des vies perdues, est insultant". Tentant de contre-attaquer en prétendant que le président Obama a mis 15 jours avant de qualifier l'attaque de "terroriste", la candidat Romney se tira la balle dans le pied puisque Obama avait bien utilisé le terme "attaque terroriste" dans son allocution à la Maison-Blanche au lendemain de l'assaut contre le consulat qui avait coûté la vie à l'ambassadeur américain Christopher Stevens et trois autres Américains. Ce qui fut confirmé, immédiatement, après ce débat, par le "fact checking" qui est une nouvelle pratique dans les médias aux Etats-Unis consistant à vérifier, en temps réel, des déclarations, des faits et des chiffres grâce au stock de données accessibles sur internet (archives vidéo des discours, transcriptions, rapports). Sur le thème de l'énergie, Obama a reproché à Romney de prétendre défendre le charbon alors qu'il avait fermé des usines qui utilisait ce combustible lorsqu'il était gouverneur, tandis que le candidat républicain accusa le président d'avoir fait baisser le nombre de licences pour exploiter pétrole et gaz sur les terres fédérales du pays. Mais tandis que M. Romney était sur la défensive pendant la majeure partie du débat, ses arguments s'axaient autour d'un thème qu'il reprenait à plusieurs reprises pour tenter de convaincre de l'incapacité du gouvernement d'Obama à relancer l'économie. Ex-magnat de la finance, il vanta son expérience et son savoir-faire dans le domaine des affaires pour affirmer, qu'à ce titre, il est mieux armé pour relancer la machine économique et le marché du travail, en répétant que 23 millions d'Américains n'ont pas de travail et que 580.000 femmes ont perdu leur emploi au cours des quatre dernières années, soit durant le mandat présidentiel d'Obama. "Le président a essayé, mais sa politique n'a pas fonctionné", a-t-il raillé, qualifiant Obama de "grand orateur avec de mauvais résultats". Ce à quoi le président rétorqua que Romney, contrairement à ce qu'il avance, n'a pas un plan économique en cinq points mais un programme en un point qui consiste à faire que "ceux qui sont au sommet bénéficient de règles différentes" avec les cadeaux fiscaux servis aux riches. A une question de l'auditoire qui interrogea Mitt Romney en quoi il est différent de l'ex-président républicain George Bush, il estima que les principales différences résident dans le fait qu'il veut équilibrer le budget et être "ferme face à la Chine". Le président Obama saisit, promptement, l'occasion pour rappeler que Romney a investi dans des entreprises qui ont été les pionnières de la délocalisation vers la Chine. Affirmant que les politiques économiques de Bush et Romney sont similaires, il souligna, toutefois, que par certains aspects, Mitt Romney est "plus extrême" que George Bush sur les questions sociales : "George Bush ne voulait pas en partie privatiser la santé. Il était favorable à une réforme de l'immigration, pas à des expulsions volontaires. Il ne voulait pas retirer le financement de programmes sociaux pour les femmes". A trois semaines du scrutin présidentiel, les deux candidats démocrate et républicain s'affronteront une dernière fois le 22 octobre à Boca Raton (Floride), lors d'un débat qui devrait porter sur les questions de politique étrangère.