Onze courts métrages de jeunes réalisateurs algériens ont été projetés jeudi à Alger dans le cadre de la compétition de la troisième édition des Journées cinématographiques d'Alger (Jca). Composés de fictions et de documentaires les onze courts métrages sur les douze sélectionnés ont été projetés devant un jury international présidé par le réalisateur algérien Said Ould Khelifa. Le choix des sujets traités par les réalisateurs, la qualité et le choix des plans de tournage ainsi que la franchise et l'honnêteté des documentaires ont été très apprécié par un grand nombre de cinéphiles et de spécialistes présents dans la salle de la cinémathèque d'Alger. Le réalisateur Karim Sayad a présenté un documentaire sur la passion d'un jeune homme de Sour el Ghozlane, souffrant de tous les maux de la jeunesse algérienne, et portant un grand intérêt pour le tombeau du roi berbère Takfarinass. Le public a trouvé très attachant le héros de ce documentaire, intitulé "Avancer l'arrière", et a beaucoup "apprécié le franc parlé de l'intervenant". Dans le même créneau, la réalisatrice Ibtissem Deha a présenté "Caractères" un docu-fiction traitant de la souffrance d'une famille irakienne fuyant la guerre vers la France, et Driffa Mzenner a projeté "J'ai habité l'absence deux fois", une œuvre réalisé dans le cadre de Bejaia doc et qui a fait l'unanimité auprès du public, sur l'absence de son frère immigré et l'incompréhension et le refoulement des horreurs des années 90 en Algérie. Par ailleurs, trois fictions ont été présentées devant le jury par Sofia Djema, Anis Djaad et Amine sidi Boumediene dont le film "El Djazira" (l'ile) a remporté ce jeudi deux prix au Festival du film d'Abu Dhabi, celui des Meilleurs producteurs ainsi que celui du Meilleur film du monde Arabe. "El Djazira", produit pas Thala films, a beaucoup séduit par ses prises de vue de la ville d'Alger complètement déserte, à l'aube, accueillant un immigré clandestin qui ne vient pas d'un autre pays mais d'une autre époque pour un meilleur avenir dans la ville d'Alger de 2012. Le public a aussi apprécié le style caricatural de "Mollement un samedi matin", forçant un peu sur les "clichés" selon des observateurs, racontant les déboires d'une jeune femme algérienne, victime d'une agression et "presque" d'un viol, avec la police et la société algérienne dans laquelle elle n'arrive pas à s'adapter. Dans un style un peu "défaitiste", "Le hublot", fiction d'Anis Djaad racontait le quotidien monotone de deux jeunes chômeurs qui ne trouvent leurs salut que dans le cannabis, une relation amoureuse virtuelle vécu à distance et l'apaisement d'une imprenable vue sur la mer que leur offrait le toit d'un immeuble auquel ils accédaient par une sorte du hublot. Apprenant le même jour, la construction d'un complexe touristique qui les privera de la vue sur mer et sa rupture avec son amoureuse qui a détruit ses espoirs de vivre en France, l'un des deux amis finit par se suicider, une chute "défaitiste et légère" selon des cinéphiles. Alors que "La gandoura blanche" d'Akram Zaghba n'a pas été projeté pour des raisons de retard le jury va délibérer sur ces œuvres ainsi que celles de Fethi Bendida, "Green card" et "I miss you", sur "Edwige" de Mounia Meddour et "Encre et monde", le seul court métrage en langue Amazigh de Sofiane Bellali. Ouverte le 14 octobre, la troisième édition des journées cinématographiques d'Alger s'achèvera vendredi avec un dernier programme de projection avant la remise des prix à cinémathèque d'Alger.