A soixante-dix (70) ans tout juste, Belkacem Bouchemal, encore bon pied bon œil, incarne depuis plus d'un demi-siècle à Jijel l'archétype du travailleur de la terre. Le pas alerte, le visage parcheminé par des années de dur labeur et les cheveux grisonnants, cet homme attachant, agriculteur de père en fils, a défrayé la chronique agricole dans la région depuis qu'il a adopté la serre multi-chapelle et réussi à assurer une production de qualité et un rendement qui feront sans doute des émules, à l'avenir. D'un tempérament fonceur, M. Bouchemal voue un amour sans limites pour la terre dont il se baisse pour prendre une poignée dans une main noueuse comme un sarment de vigne. "La volonté, la confiance en Dieu et l'amour de cette terre sont mes leitmotivs", dit-il fièrement. Des leitmotivs qui ont contribué à sa réussite, lui qui s'est lancé dans la modernisation du travail de la terre par le biais de la multi-chapelle dont il revendique, sur le territoire de la wilaya de Jijel, la primauté. Un bel exemple que l'on ne se lasse pas de citer Son projet consistant en la mise en place de batteries de serres multi-chapelles au lieu-dit Bourmel, à la sortie ouest de la ville de Jijel, le long de la RN 43 (Jijel-Béjaïa), lancé en 2011 sur cinq (5) hectares, est aujourd'hui une réalité et un bel exemple cité par aussi bien par la population que par les pouvoirs publics locaux. La récolte de produits maraîchers a surpris plus d'un, par la qualité et surtout par le rendement. M. Bouchemal ne manque pas de citer, les yeux brillants, la tomate "bien calibrée et de premier choix "dont il a doublé les rendements et qui inonde aujourd'hui les marchés de Jijel et d'autres régions de l'est du pays. Cette "aventure" de la multi-chapelle lui a coûté un investissement de pas moins de 12 millions de dinars qu'il a déboursé sans recourir à d'autres moyens ou procédés de financement publics par le biais de dispositifs d'aide et d'encouragement mis en place par l'Etat. "J'ai cependant toujours été soutenu et encouragé par l'Administration', tient-il à lâcher néanmoins, rappelant au passage la visite récente de son exploitation par le wali, le directeur des Services agricoles et les responsables de la Chambre de l'agriculture. Cette dernière lui a d'ailleurs décerné, le 1er octobre dernier, un diplôme d'honneur pour ses efforts dans la modernisation de l'agriculture à Jijel, à l'occasion de la célébration de la journée nationale de vulgarisation agricole. L'eau, sève nourricière Cette exploitation qui dispose de moyens logistiques suffisants (moto-pompes, tracteurs, matériels aratoires et autres équipements nécessaires) est, dit-on, le nec plus ultra dans cette région agricole. Les commandes électroniques et autres procédés "dernier cri" sont là, au service de cette exploitation de multi- chapelles qui, lentement mais sûrement, fera d'autres adeptes, pour peu que les investissements soient à la portée de nombreux exploitants. L'eau, disponible en abondance, est la sève nourricière de ces multi-chapelles contrôlées et suivies à la loupe, du matin au soir, par M. Bouchemal et ses quatre fils, qui ont en font une exploitation familiale-modèle. Il y a quelques années, un jeune ouvrier, travaillant chez lui comme saisonnier, a fini ses études secondaires et universitaires pour devenir médecin et soigner, un jour, son ancien employeur. M. Bouchemal, passablement ému, tient à raconter cette anecdote "véridique" qui lui tient beaucoup à cœur. Tout cela pour dire que le travail de la terre porte inéluctablement ses fruits. N'ayant malheureusement pas eu la chance de fréquenter l'école, M. Bouchemal s'inspire beaucoup plus de l'expérience de la vie et des conseils que lui ont prodigués ses aïeux. "Le travail de la terre est une bénédiction divine", lance-t-il avant de rappeler qu'un de ses enfants qui l'assistent actuellement dans les travaux agricoles, poursuit des études de médecine. Dans la wilaya de Jijel où pas moins de 11.000 fellahs sont recensés comme étant titulaires de la carte d'agriculteur leur conférant ce statut, cet exploitant septuagénaire souhaite que la "bataille de la production et de la productivité" soit gagnée par les jeunes dont le rôle et la mission est de réaliser l'autosuffisance alimentaire. Des jeunes qu'il appelle à "oser davantage" et à "franchir le pas" pour aller vers la terre nourricière.