Exemple n Khalti Tounès est exploitante agricole aux environs de Jijel. A l'instar de nombreuses femmes de la région, Khalti Tounès a un attachement et un amour réel pour la terre. L'octogénaire au visage légèrement buriné par le poids des ans ne semble pas prête à abdiquer. Elle jouit encore de la plénitude de ses facultés physiques et mentales et dirige comme il se doit, depuis 1986, son exploitation de 2 hectares, travaillée par l'un de ses fils et un autre fellah. Dans son Exploitation agricole individuelle (EAI) située au lieu-dit Troisième-Kilomètre, cette agricultrice se dit comblée de bonheur tant elle est attachée au travail de la terre qui lui procure joie et dignité, la mettant à l'abri de tout besoin. Maraîchage, élevage bovin, maraîchage sous serre, herboristerie, préparation de confitures traditionnelles, oléiculture, Khalti Tounès touche à tout ce qui a trait au travail agricole, à telle enseigne que son nom enorgueillit la corporation. Son parcours a commencé il y a une vingtaine d'années, en 1986, avec la réorganisation du secteur agricole le jour où elle a pris possession d'une EAI. Depuis, elle n'a cessé de gagner en intensité dans le travail et en crédibilité auprès des agriculteurs et agricultrices et de la Caisse de mutualité agricole qui lui a accordé un prêt financier assez conséquent pour démarrer l'exploitation. Ce prêt contracté a été remboursé jusqu'au dernier centime, dit-elle avec une pointe de fierté. Le travail de la terre est une richesse pérenne, lance, en guise de conseil, cette Dame Courage qui affirme avoir participé à plusieurs manifestations et foires agricoles, aussi bien à Jijel qu'à Alger voire jusqu'à Béchar, dans le sud-ouest algérien. C'est un défi et une invite qu'elle lance pour le travail de la terre nourricière. Son souhait est de posséder une chambre froide pour diversifier ses activités, car pour elle le froid est un créneau porteur et d'avenir. N'ayant jamais fréquenté l'école, Khalti Tounès, mère de douze enfants, sait pourtant bien compter, aussi bien en arabe qu'en français. Avec son téléphone portable qu'elle brandit à chaque fois qu'il sonne, elle incarne à la fois l'ancien et le moderne dans l'agriculture, que seule la volonté de travailler et de bien faire fait fonctionner pour réussir. Pour rappel, la wilaya de Jijel compte 330 femmes titulaires de la carte leur conférant la qualité d'agricultrice et qui activent réellement sur le terrain.