L'attentat à la bombe ayant coûté la vie à huit personnes dont le chef des renseignements de la police libanaise, Wissam al-Hassan, vendredi à Beyrouth, a suscité la condamnation de la communauté internationale, qui craint une déstabilisation de la région. Dans une déclaration, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné "fermement" cet attentat "terroriste" et a exhorté les Libanais à "préserver l'unité nationale". Les 15 pays membres "réaffirment leur condamnation sans réserve de toute tentative de déstabiliser le Liban par des assassinats politiques" et appelant "tous les Libanais à préserver l'unité nationale" face à de telles menaces et invite tous les partis libanais à "poursuivre le dialogue national". Dans une déclaration séparée, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui aussi condamné vendredi sans réserve cet attentat et a demandé une "enquête approfondie". M. Ban a invité les Libanais à "ne pas céder à la provocation" et à faire preuve de "calme et de retenue". L'organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International (AI, basée à Londres), a appelé à une enquête pour déterminer les responsables de l'attaque. "L'attentat d'aujourd'hui est une attaque sans discrimination qui doit être condamnée dans les termes les plus forts", a dit Ann Harrison, directeur adjoint du département Moyen-Orient/Afrique du nord au sein d'AI. Les autorités libanaises doivent mener une enquête complète pour déterminer les responsables de l'attaque et les traduire en justice, a-t-elle dit. Les Etats-Unis ont déclaré par le biais du porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland : "Nous condamnons dans les termes les plus forts ce qui semble être un acte terroriste. Rien ne peut justifier une telle violence (...) C'était une voiture piégée. Nous n'avons pas de raison de croire qu'il ne s'agissait pas de terrorisme. Nous condamnons cet acte terroriste". Le président français François Hollande a demandé aux responsables libanais de protéger leur pays de "toutes les tentatives de déstabilisation, d'où qu'elles viennent", et à maintenir l'unité du Liban. L'Espagne a exprimé "son soutien et sa totale solidarité avec le peuple et le gouvernement libanais", en adressant "ses condoléances aux familles des victimes" et "souhaitant prompt rétablissement aux blessés", selon un communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères et de la coopération rendu public. Sur son site Internet, le ministère des Affaires étrangères iranien, condamnant cet attentat, a accusé Israël d'être derrière cette "explosion terroriste". "L'Iran condamne l'explosion terroriste perpétrée par ceux qui cherchent à créer des divisions entre les différents groupes libanais, au détriment de l'intérêt du Liban", a déclaré le porte-parole du ministère, Ramin Mehmanparast. "Sans aucun doute, l'ennemi principal du peuple libanais est le régime sioniste, à qui profite le plus l'instabilité et l'absence de sécurité dans la région", a-t-il ajouté. Le ministre des Affaires étrangères iranien Ali Akbar Salehi a accusé "les ennemis de la région" de "chercher à accroître l'insécurité pour réaliser leurs objectifs malveillants", lors d'un entretien téléphonique vendredi soir avec son homologue libanais Adnan Mansour, selon le site du ministère. La Syrie, pays voisin du Liban, a dénoncé un acte "lâche" et "terroriste". "Ces attentats terroristes sont injustifiables où qu'ils se produisent", a précisé le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi. Pour sa part, le mouvement libanais Hezbollah a qualifié cet acte de tentative de déstabilisation. C"'est une tentative de porter atteinte à la stabilité et à l'unité nationale", a rapporté la télévision du parti. Dans ce contexte, l'opposition libanaise a appelé le gouvernement à démissionner après l'assassinat du chef des renseignements de la police. "Nous appelons ce gouvernement à partir et son chef à démissionner immédiatement, car le maintien de ce gouvernement offre la plus grande protection et couverture pour ce complot criminel", a indiqué un communiqué de l'opposition rendu public vendredi. Inquiète "des dangers qui guettent la stabilité et la sécurité" du Liban, la presse libanaise a estimé samedi que le pays doit s'attendre au "pire" après l'assassinat du chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam Al-Hassan. Cet assassinat a "transporté le Liban d'une rive à une autre, avec tous les dangers qui guettent la stabilité et la sécurité", "les répercussions politiques commencent à prendre des dimensions exceptionnelles", écrit le quotidien An-Nahar, proche de l'opposition. "La paix civile en danger" titrait pour sa part le quotidien as-Safir, qualifiant le général assassiné d'"artisan de la sécurité". "Demain ne sera pas comme hier. L'assassinat de Wissam Al-Hassan ne sera pas un fait passager. Il transporte le Liban d'une période où il attendait le pire à une période où il vit le pire des dangers", ajoute le journal. Le général Al-Hassan était un proche de Saad Hariri, chef de l'opposition libanaise qui était pressenti pour prendre la tête des FSI à la fin de l'année. Le conseil des ministres libanais devait tenir une "réunion urgente" samedi en présence des différents services de sécurité, au lendemain de l'appel de l'opposition à la démission du gouvernement. Le responsable défunt sera enterré dimanche aux côtés de la tombe de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à Byrouth en 2004, et l'opposition a appelé "à la plus large participation" à ces funérailles.