Un hommage a été rendu lors de la cérémonie d'ouverture, à Constantine, du 6e festival international du malouf à Abderrachid Boukhouiet, membre fondateur de la troupe El Bestandjia. Ce professeur de musique, octogénaire, que la maladie plus que l'âge viennent d'obliger à interrompre une longue carrière d'enseignement musical au cours de laquelle il a formé, sur des bases académiques, des générations de musiciens et de chanteurs à Constantine, a confié samedi soir à l'APS qu'"aucun hommage, fut-il sincère, ne peut remplacer le statut de l'artiste, car d'immenses artistes algériens sont morts dans le dénuement le plus total faute de ce statut". "Il n'est jamais trop tard pour bien faire", "mieux vaut tard que jamais", ou encore "je suis ému par ce geste de reconnaissance même s'il vient à un moment où nous sommes sur le point de partir", sont les premiers commentaires de ce cheikh qui, avec feu cheikh Abdelkader Toumi, est l'un des premiers professeurs de musique, à Constantine, à avoir enseigné et milité pour un enseignement "sur des bases académiques" du malouf constantinois et de la musique dite andalouse de manière générale. Au lendemain de l'indépendance, il est en effet l'un des rares cheikhs du malouf à Constantine à disposer également d'une formation musicale académique, ce qui lui valut d'être, avec le regretté Abderrahmane Bencharif, l'un des premiers professeurs du conservatoire communal de musique de Constantine tout en occupant une place de choix au sein de l'orchestre pilote de malouf qui remporta en 1966 le premier prix national de musique andalouse. L'un des plus anciens violonistes de Constantine, l'un des plus talentueux aussi, Abderrachid Benkhouiet est aussi connu pour avoir apporté une touche personnelle dans la manière de jouer de cet instrument et surtout de le tenir entre ses cuisses pour "libérer la main gauche", une méthode qui a fait école au sein des associations de malouf à Constantine. Chef au sein de l'orchestre de son ami et compagnon de toujours feu Abdelmoumène Bentobbal, Benkhouiet a été, des années durant, professeur au sein de l'association "El Bestandjia" l'une des plus grandes associations de malouf sur la place de Constantine qui a surtout émergé au cours des années 80 et d'où sont sortis de nombreux artistes ayant aujourd'hui pignon sur rue dans la ville du vieux Rocher. Avant d'être obligé par la maladie et la vieillesse de prendre sa retraite de musicien et de pédagogue, Abderrachid Benkhouiet était professeur de musique au conservatoire communal de Constantine où il a formé des promotions d'élèves alliant la connaissance de la musique universelle à celle de la musique traditionnelle constantinoise. "Sans le malouf nous sommes nus, et il est grand temps de sortir de la méthode d'enseignement du bouche à oreille pour passer à l'enseignement académique de cette musique dont il faut absolument et systématiquement transcrire toutes les noubas. Moi j'en ai transcris une, mais c'est l'ensemble des noubas qui doivent l'être", dira-t-il aux journalistes venus recueillir ses impressions à l'occasion de l'hommage qui venait de lui être rendu.