L'Afrique doit saisir l'opportunité des avancées positives sur le plan politique et économique pour tirer profit de ses richesses et asseoir une approche inclusive de la gouvernance de ces richesses, ont estimé lundi des experts africains à Addis Abeba. "Des occasions historiques se présentent pour l'Afrique afin qu'elle utilise efficacement ses ressources naturelles pour alimenter son développement économique", s'accordent à dire les experts de la Coalition pour le dialogue sur l'Afrique (CoDA). Ces experts s'exprimaient lors d'une conférence organisée la veille du 8ème Forum pour le développement de l'Afrique (FDA) sur le thème : Optimiser le dialogue Etat-Société, pour une meilleure gestion des ressources naturelles en Afrique. Les "avancées positives" récentes sur le plan politique, de la démocratisation et de la gouvernance ainsi que l'intérêt accru des économies émergentes pour les ressources du continent "offrent aux pays africains de multiples choix face aux meilleurs soumissionnaires en quête de ses ressources minérales", selon un rapport élaboré par CoDA. "C'est donc un moment opportun pour mettre en place des instruments qui permettront au continent de tirer profit de ses ressources", estiment les experts qui ont intervenu lors de cette conférence. Pour tirer profit de ces opportunités, le continent doit asseoir une approche inclusive de la gouvernance des ressources, qui consistera à promouvoir la transparence et la responsabilité dans la chaîne des valeurs depuis la négociation des contrats jusqu'à la fermeture des gisements. Les changements que connaît l'Afrique au plan interne et externe liés à l'exploitation des ressources naturelles nécessite un nouveau mode de gestion et de gouvernance des ressources naturelles basé sur le dialogue entre les parties prenantes. "L'Afrique a besoin d'un nouveau paradigme basé sur un consensus social et politique pour que les populations ressentent des externalités positives dans l'exploitation des ressources naturelles", estime l'expert algérien, Mustapha Mekideche. Si les Africains arrivent à consolider le consensus interne autour de l'exploitation des ressources naturelles, ils pourront avoir un rapport de force favorable au plan international, a expliqué M. Mekideche à l'APS. Ce rapport de force permettra à l'Afrique de contenir et de revoir ses rapports avec ses partenaires étrangers de sorte que le système qui régit les concessions et les contrats d'exploitation change. Ce nouveau paradigme consiste aussi à produire sur place les biens d'équipements et avoir les capacités d'engineering locales. "Nous avons besoin d'un nouveau paradigme pour pouvoir générer beaucoup plus de revenus permettant de financer une économie alternative de développement et d'être sur un sentier de croissance et de paix sociale", selon l'expert algérien, membre du Panel des éminentes personnalités du MAEP. Grâce à ses grandes réserves, l'Afrique "se trouve dans une transition énergétique où le rapport de force lui est favorable. Elle peut renégocier en sa faveur l'héritage de ce qui appartenait à la période coloniale et post coloniale", affirme encore M. Mekideche, également membre du CNES. Les experts africains, ont recommandé le renforcement des mécanismes de transparence afin de lever le paradoxe entre les richesses de l'Afrique et l'accentuation de la pauvreté. La corruption, l'évasion fiscale et les flux illicites des capitaux sont les principaux phénomènes empêchant la distribution équitable des revenus des ressources naturelles. La cérémonie d'ouverture officielle du 8ème FDA, auquel prendront part des chefs d'Etat et de gouvernement africains, des ministres, de hauts responsables, des experts internationaux et des représentants d'organisations gouvernementales et non gouvernementales, devrait se tenir lundi soir au centre de conférence de la CEA. Cet évènement débattra du thème : gestion et mobilisation des ressources naturelles au service du développement de l'Afrique. L'Algérie sera représentée à ce forum par le Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé des Statistiques, Bachir Messaïtfa.